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Françoise et Jacques Hurtrelle, paléontologues amateurs, ont remis au Paléospace, à Villers-sur-Mer (Calvados), leur collection de 800 fossiles en 2013. Grâce à ce don, ces objets ont été étudiés et une nouvelle espèce de crevette a été mise en évidence en ce début d’année 2024 : la Meyeria hurtrellorum, un crustacé datant de l’ère du Jurassique.
Françoise et Jacques Hurtrelle présentent la crevette qui porte désormais leur nom : Meyeria hurtrellorum. | OUEST-FRANCE
Françoise et Jacques Hurtrelle ont été invités au Paléospace, à Villers-sur-Mer (Calvados), le 14 février 2024. Ils sont les découvreurs de la crevette nommée Meyeria hurtrellorum qui porte leur nom. Ce crustacé, datant de l’ère du Jurassique (- 200 à -145 millions d’années), a été découvert sur un fossile faisant partie de leur collection de 800 objets qu’ils ont confiée au Paléospace en 2013.
Ce couple d’enseignants, originaire du Pas-de-Calais, nommé à Honfleur et à Deauville, est devenu paléontologue en étudiant les fossiles qu’ils ont collectés sur la petite plage de Cricquebeuf (1 km2). « On n’est pas des collectionneurs, on est des collecteurs », présente Jacques Hurtrelle. Chaque jour après l’école, lors des tempêtes hivernales qui mettent à jour les précieux fossiles, ils ont ramassé « ce que la mer dégage. On n’a jamais fait un trou. On s’est astreints à être constamment présents. Ce qui est là peut avoir disparu le lendemain, la mer détruit très très vite », explique Jacques Hurtrelle.
Le couple s’est posé rapidement la question de la transmission de sa collection « puisque nous travaillions sur le domaine public. Mais le Paléospace n’existait pas encore ». Depuis, ce musée de France a été créé. Ses collections sont inaliénables et sont mises à la disposition de tous les chercheurs. Les amateurs collecteurs de fossiles peuvent apporter leurs trouvailles au musée en vue de les étudier.
En 2023, une étude de crustacés, menée par le Muséum de Paris, les universités de Rennes et de Loma Linda (États-Unis) et le Paléospace, a révélé une nouvelle espèce dans la collection du couple Hurtrelle : la Meyeria hurtrellorum.
« Ce qui me réjouit le plus, ce sont les productions de mémoire, souligne Jacques Hurtrelle, l’enseignant toujours désireux de transmettre. Les personnes qui ont révélé la Meyeria hurtrellorum sont de très haut niveau, ils ont un doctorat en paléontologie et nous un doctorat en ramassage. »
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L’os a été trouvé au pied des falaises des Vaches noires, par un collectionneur amateur. ©Sophie Quesnel / Le Pays d’Auge |
Le Paléospace a reçu un os fossile de dinosaure découvert par un collectionneur amateur au pied des Vaches noires, à Villers-sur-Mer.
«Les falaises des Vaches noires, site de renommée mondiale, représentent une mine d’or pour les paléontologues et pour la science», rappelle le Paléospace qui annonce que récemment, le musée de Villers-sur-Mer « s’est vu honoré d’un nouveau don provenant des falaises des Vaches noires d’un collectionneur amateur normand » du nom de Yvan Bouvet.
Il s’agit d’un os fossile de dinosaure trouvé sur l’estran villersois. « L’os de Théropode (groupe de dinosaures majoritairement carnivores, ndlr) entre dans une phase d’étude par Éric Buffetaut, paléontologue, spécialiste des dinosaures et directeur de recherche émérite au CNRS », poursuit la direction du musée.
Ce fragment d’os, « apparemment du tibia » selon le paléontologue, mesure environ 25 cm de long et 12 cm de large. « Mais il faut se rendre compte que ce n’est qu’un petit morceau d’un os qui devait sûrement mesurer 70 cm de long », ajoute Éric Buffetaut, soulignant le côté imposant de l’animal : « Ce que je sais pour le moment, c’est que le morceau d’os provient d’un gros dinosaure carnivore ».
Pour le musée, comme pour le paléontologue qui l’étudie, cette découverte est essentielle.
Depuis 200 ans, on a déjà trouvé des restes de dinosaures carnivores aux Vaches noires, mais c’est toujours quelque chose d’un peu exceptionnel, on n’en trouve pas tous les jours. On en trouve peu, pour une raison très simple : les Vaches noires se sont formées au fond de la mer et ces dinosaures ne vivaient pas sous la mer. Ce sont des morceaux de cadavres qui ont été entraînés par l’eau. (Éric Buffetaut)
Un constat confirmé par le fait que l’os est couvert d’huîtres et d’autres mollusques du type. « Cela veut dire que l’os est resté au fond de la mer assez longtemps. C’est souvent le cas avec les os qu’on trouve aux Vaches noires : alors que la chair avait disparu, ils sont restés au fond de l’eau et les huîtres et autres animaux se sont fixés dessus », poursuit le chercheur qui précise : « Il devait vivre sur la terre émergée qui correspond certainement au Cotentin actuel ».
Le fragment de tibia découvert. (©Paléospace)
« S’il n’y avait pas eu ce collectionneur amateur, il n’aurait jamais été trouvé », insiste Éric Buffetaut. Pour le musée également, ce nouveau don est l’occasion de rappeler l’aspect essentiel de la collecte des fossiles par les amateurs au pied des falaises des Vaches noires, mais aussi des autres du Calvados.
Cette dernière est menacée et pourrait être interdite dans le cadre du projet de l’État de créer une réserve naturelle nationale sur les espaces côtiers du jurassique dans le Calvados, ce qui avait valu aux défenseurs de la paléontologie, amateurs comme professionnels, de se mobiliser. « Ces dons participent aux connaissances scientifiques et permettent de publier des articles scientifiques, de former des jeunes paléontologues, c’est la raison pour laquelle le Paléospace accueille scientifiques et étudiants valorisant ainsi ces dons », rappelle la direction du Paléospace qui défend cet apport des amateurs.
Elle ajoute : « Depuis 2014, plus d’une quarantaine de publications scientifiques ont été réalisées sur les collections provenant à 100 % de collections d’amateurs ».
Insistant sur la notion de « science participative », Éric Buffetaut confirme lui aussi l’importance de cette collecte :
Si l’interdiction passe, on ne trouvera plus jamais ce genre de fossile essentiel pour la science. Les paléontologues professionnels ne sont pas assez nombreux pour les trouver et les belles découvertes continuent, contrairement à ce que racontent certains, et ce grâce aux amateurs qui évitent que ces fossiles soient détruits ou repris par la mer. C’est une vraie collaboration avec une véritable relation de confiance qui est essentielle. (Éric Buffetaut)
La direction du Paléospace conclut : « Poursuivant une tradition de coopération née il y a plus de 200 ans, cette précieuse trouvaille illustre bien le réseau qui s’est tissé entre ces amateurs de fossiles, le Musée de France Paléospace et les scientifiques : les uns apportant aux autres et la science en ressortant gagnante ».
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Le cristallier Samuel Filliez venant d'extraire un très beau groupe de quartz fumé, à 3'500 mètres d'altitude. © Johann Filliez |
Le Valais est le premier canton de Suisse à reconnaître un savoir-faire très ancien, fortement lié à la montagne. La collecte de cristaux est désormais inscrite sur la liste du patrimoine culturel immatériel du canton.
La demande a été déposée en septembre 2023 par un groupe constitué du Musée des cristalliers de Naters, de la Société bas-valaisanne des minéraux et fossiles, du Musée des Sciences de la Terre de Martigny et du Landschaftspark de la Vallée de Binn.
Pour le canton, il était important de pouvoir inscrire la tradition de la collecte de cristaux sur la liste du patrimoine immatériel. "On extrait des cristaux dans le canton depuis l'Antiquité. C'est donc une longue histoire", précise Alain Dubois, chef du Service de la culture. "L'activité de cristallier exige également des connaissances et des compétences très spécifiques, dans le domaine de la montagne et de la géologie. Et il existe également tout un patrimoine culturel associé à ces cristaux, notamment à travers le contes et légendes du canton. Cest différents éléments ont milité en faveur de cette inscription."
"L'activité de cristallier exige des connaissances et des compétences très spécifiques." Alain Dubois, chef du Service de la culture
Alain Dubois rappelle égalament l'importance qu'une tradition reste toujours vivante. "Aujourd'hui, nous avons une communauté de cristalliers importante en Valais, qui perpétuent cette tradition et contribuent à l'avancée des connaissances dans ce domaine."
Samuel Filliez est cristallier. Il est aussi trésorier de la Société Bas-Valaisanne de minéraux et fossiles de Martigny. La recherche de cristaux est sa passion depuis 35 ans. Un savoir qui se transmet souvent des anciens aux plus jeunes et qui exige de nombreuses connaissances. "Il faut une bonne forme physique pour aller sur le terrain, et aussi une connaissance de ces terrains-là", précise Samuel Filliez. "Il faut aussi les bons outils, savoir lire les indices et savoir ouvrir les poches (ndlr, cavités renfermant des cristaux). Parce que s'il y a du travail à faire, il faut là encore savoir comment bien le faire pour ne pas tout casser."
"Si les cristaux ne sont pas collectés, ils sont soumis aux effets naturels des intempéries et sont systématiquement détruits." Samuel Filliez, Société bas-valaisanne de minéraux et fossiles
Certains disent que les cristalliers sont des pilleurs de la nature. Pour Samuel Filliez, il n'en est rien. "J'ai vu passablement d'endroits où la nature a détruit elle-même des cristaux. Parce qu'avec les éboulements et les changements climatiques de plus en plus intensifs, de nombreuses cavités contenant des cristaux s'effondrent. Si on ne les récupère pas, tout est cassé."
Les cristalliers ont également un Code d'honneur, rédigé par l'Association suisse des cristalliers, collectionneurs de minéraux et fossiles (ASCMF). "Il s'agit d'un code qui stipule que les cristalliers peuvent se réserver un endroit, en laissant en place les outils et les minéraux d'une personne qui est train d'exploiter. Ce code fédère un peu les critsalliers et il est assez bien respecté", souligne Samuel Filliez.
"Un code d'honneur fédère les cristalliers et est plutôt bien respecté." Samuel Filliez, Société bas-valaisanne de minéraux et fossiles
Le travail de cristallier implique également des connaissances en alpinisme : la recherche de cristaux reste dangereuse. "Je vais beaucoup en montagne avec mon frère qui est guide : avoir des connaissances techniques de la montagne est très important. Avec la fonte du pergélisol, cela devient de plus en plus dangereux. Et les cristalliers vont dans des endroits où les alpinistes ne vont pas forcément", relève Samuel Filliez. "Mais le principal reste de rentrer le soir. Et depuis que j'ai des enfants, je prends quand même moins de risque."
"Les cristalliers vont dans des endroits où les alpinistes ne vont pas forcément : cela reste une activité dangereuse." Samuel Filliez, Société bas-valaisanne de minéraux et fossiles
Par sa décision, le canton reconnait la collecte des minéraux, mais aussi le travail scientifique autour des cristaux et des minéraux, comme un patrimoine culturel immatériel important pour le Valais.