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L’os a été trouvé au pied des falaises des Vaches noires, par un collectionneur amateur.  ©Sophie Quesnel / Le Pays d’Auge

Le Paléospace a reçu un os fossile de dinosaure découvert par un collectionneur amateur au pied des Vaches noires, à Villers-sur-Mer.

«Les falaises des Vaches noires, site de renommée mondiale, représentent une mine d’or pour les paléontologues et pour la science», rappelle le Paléospace qui annonce que récemment, le musée de Villers-sur-Mer « s’est vu honoré d’un nouveau don provenant des falaises des Vaches noires d’un collectionneur amateur normand » du nom de Yvan Bouvet.

Il s’agit d’un os fossile de dinosaure trouvé sur l’estran villersois. « L’os de Théropode (groupe de dinosaures majoritairement carnivores, ndlr) entre dans une phase d’étude par Éric Buffetaut, paléontologue, spécialiste des dinosaures et directeur de recherche émérite au CNRS », poursuit la direction du musée. 

« Toujours un peu exceptionnel »

Ce fragment d’os, « apparemment du tibia » selon le paléontologue, mesure environ 25 cm de long et 12 cm de large. « Mais il faut se rendre compte que ce n’est qu’un petit morceau d’un os qui devait sûrement mesurer 70 cm de long », ajoute Éric Buffetaut, soulignant le côté imposant de l’animal : « Ce que je sais pour le moment, c’est que le morceau d’os provient d’un gros dinosaure carnivore ». 

Pour le musée, comme pour le paléontologue qui l’étudie, cette découverte est essentielle.

Depuis 200 ans, on a déjà trouvé des restes de dinosaures carnivores aux Vaches noires, mais c’est toujours quelque chose d’un peu exceptionnel, on n’en trouve pas tous les jours. On en trouve peu, pour une raison très simple : les Vaches noires se sont formées au fond de la mer et ces dinosaures ne vivaient pas sous la mer. Ce sont des morceaux de cadavres qui ont été entraînés par l’eau. (Éric Buffetaut)

Un constat confirmé par le fait que l’os est couvert d’huîtres et d’autres mollusques du type. « Cela veut dire que l’os est resté au fond de la mer assez longtemps. C’est souvent le cas avec les os qu’on trouve aux Vaches noires : alors que la chair avait disparu, ils sont restés au fond de l’eau et les huîtres et autres animaux se sont fixés dessus », poursuit le chercheur qui précise : « Il devait vivre sur la terre émergée qui correspond certainement au Cotentin actuel ». 

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Le fragment de tibia découvert. (©Paléospace)

L’importance de la collecte des amateurs

« S’il n’y avait pas eu ce collectionneur amateur, il n’aurait jamais été trouvé », insiste Éric Buffetaut. Pour le musée également, ce nouveau don est l’occasion de rappeler l’aspect essentiel de la collecte des fossiles par les amateurs au pied des falaises des Vaches noires, mais aussi des autres du Calvados.

Cette dernière est menacée et pourrait être interdite dans le cadre du projet de l’État de créer une réserve naturelle nationale sur les espaces côtiers du jurassique dans le Calvados, ce qui avait valu aux défenseurs de la paléontologie, amateurs comme professionnels, de se mobiliser. « Ces dons participent aux connaissances scientifiques et permettent de publier des articles scientifiques, de former des jeunes paléontologues, c’est la raison pour laquelle le Paléospace accueille scientifiques et étudiants valorisant ainsi ces dons », rappelle la direction du Paléospace qui défend cet apport des amateurs.

Elle ajoute : « Depuis 2014, plus d’une quarantaine de publications scientifiques ont été réalisées sur les collections provenant à 100 % de collections d’amateurs ».

« La science en ressort gagnante »

Insistant sur la notion de « science participative », Éric Buffetaut confirme lui aussi l’importance de cette collecte :

Si l’interdiction passe, on ne trouvera plus jamais ce genre de fossile essentiel pour la science. Les paléontologues professionnels ne sont pas assez nombreux pour les trouver et les belles découvertes continuent, contrairement à ce que racontent certains, et ce grâce aux amateurs qui évitent que ces fossiles soient détruits ou repris par la mer. C’est une vraie collaboration avec une véritable relation de confiance qui est essentielle. (Éric Buffetaut)

La direction du Paléospace conclut : « Poursuivant une tradition de coopération née il y a plus de 200 ans, cette précieuse trouvaille illustre bien le réseau qui s’est tissé entre ces amateurs de fossiles, le Musée de France Paléospace et les scientifiques : les uns apportant aux autres et la science en ressortant gagnante ». 

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