Et tout d’abord le temps, enfin la météo. Contrairement aux deux dernières années où il a fait beau pendant toute la période des shows de Tucson, cette année voit un temps maussade s’installer, prévu pour les quinze jours à venir. Mauvais temps. Si mauvais? pas réellement, quelques pluies, quelques averses, un ciel parfois couvert et des températures autour de 15-18°C. De quoi survivre.
Des hôtels disparaissent d’autres renaissent. Le Frontier Motel qui a vu défiler tout le gratin de la minéralogie internationale durant la période glorieuse de l’Executive Inn, son voisin, a fermé cette année.
Quant à l’Executive Inn, le voisin, il est devenu Fortuna. Il a prit des couleurs et son show est maintenant sous la direction de Marie-Louise Navarro, l’organisatrice efficace de la bourse de Millau et du Marriott à Paris. Souhaitons-lui un bon succès.
Toujours dans la rubrique des hôtels: il y a le Tucson City Center, ex-Inn Suites. La pelouse semble avoir connue la transition Crétacé-Tertiaire. En effet, les dinosaures qui l’envahissaient ont disparu, remplacés par un mammifère : un rhinocéros.
L’apparition, plus tardive de l’art et de la culture est évoquée avec une gloriette hellénisante.
Côté fréquentation, Il y a de moins en moins de parking et donc moins de visiteurs. La pluie n’arrange rien! L’ambiance est assez morose et de nombreux marchands de hauts niveaux ont déserté cet hôtel. Le bruit court que le gérant mettrait fin au show d’ici deux ans.
La plupart des marchands pionniers qui ont anticipé la fin du Tucson City Center se sont installés à proximité du hangar de la Co-Op, haut lieu d’exposition des fossiles. Un nouveau show a ainsi vu le jour, le Mineral City Show. Le local, encore en cours de finition, ressemble à un entrepôt. Mais il ne faut pas s’y fier, le niveau est élevé et très professionnel.
Il y a enfin les hôtels qui longent la High Way 10. Ils sont toujours là, immuables, si ce n’est qu’ils changent de nom à un rythme effréné, difficile à suivre. Ainsi l’ex Travelodge des années 1980, était devenu l’an dernier le Desert Inn, en hommage certainement à l’hôtel de même nom disparu, lui, dans les années 1990. Cette année, il a été rebaptisé Red Lion.
Passons maintenant en revue, les différents hôtels, et pour commencer le Tucson City Center. Comme presque tous les ans, les premiers jours dans les hôtels consacrés à la minéralogie et la paléontologie sont assez décevants. Les nouveautés exposées sont souvent mineures. Les grandes pièces et les grandes découvertes seront présentées plus tard : dans les shows (très) prestigieux. Commençons par des cristaux de graphites de Rossie (état de New-York, USA) d’une qualité très inhabituelle. Cette espèce est rarement bien représentée dans les collections.
Les azurites de Milpillas sont encore assez abondantes, les brochantites et les volborthites se raréfient. Seuls de (rares) cristaux parfaitement formés, aux faces lisses et brillantes et gemmes, mais finalement très sombre. Pour apprécier leur transparence il faut les exposer à une très forte source lumineuse.
Les fluorites vertes de Madagascar (Mandronarivo, province de Tuléar) sont apparues l’an dernier sous formes de plaques de cristaux jointifs peu esthétiques. Cette année voit des spécimens de belle qualité avec des cristaux séparés. L’éclat de surface reste faible. Ce qui est un peu dommage. La couleur est par contre d’un beau vert profond saturé.
Toujours dans le registre des fluorites, il y a une découverte récente de Mongolie, un pays peu représenté en minéralogie. La localité est vague; Choir area dans l’immense désert de Gobi. De couleur vert pâle insaturé, ces fluorites n’ont d’attrait que leur localité.
Le succès des améthystes de Jacksons Crossroad ou JXR en Georgie (USA) semble avoir suscité un regain d’intérêt pour les améthystes étatsuniennes. Cette année il y a un lot important d’améthyste de la Reel Mine en Caroline du Nord.
Les très belles fluorites bleu sombre du Fujiang (Chine) étaient plus nombreuses que l’an dernier, sans être vraiment abondantes. Leur qualité est parmi ce que l’on connaît de meilleur : des faces très lisses et éclatantes ce qui est rare pour ce minéral.
Une chambre présente un nombre conséquent de cuivres natifs de Rockland, Mine (Cloncurry, Queensland, Australie) récoltés entre août et octobre en partenariat entre la mine et une entreprise impliquée dans la récolte de minéraux de collection.
La Chine ne cesse de nous étonner par la qualité de ses minéraux. Cette année il y a, entre autres, un beau lot d’hémimorphites bleues, translucides.
Parmi les autres minéraux chinois, il fallait noter une curieuse barytine, très brillante, en cristaux décimétriques. Ainsi qu’une gibbsite bleue très esthétique. Les deux au même prix… élevé.
Les améthystes et calcites d’Uruguay sont connues de longues date. Elles étaient très rares jusqu’à ces dernières années. Depuis des efforts de récolte et de façonnage, ont permis d’en présenter un plus grand nombre. Une chambre du Tucson City Center en était remplie.
La minéralogie du Japon est souvent mal représentée alors que ce pays a un riche passé minier et beaucoup de collectionneurs passionnées et avisés. Parmi les rares minéraux japonais présentés cette année, il y a deux rhodochrosites rose assez esthétiques.
La localité classique des émeraudes de Malyshevo (Oural, Russie) a livré quelques spécimen géants, dont un cristal dépassant 20 cm.
L’Hotel Tucson City Center est aussi un lieu réputé pour quelques stands qui exposent des fossiles de grande qualité.
Contigu à l’Hotel Tucson City Center, il y a la maison d’exposition de Fine Minerals: certainement l'un des lieux les plus réputés pour ses minéraux très haut de gamme.
La maison est composée de plusieurs pièces; l’exposition directement accessible à l’entrée contient les très bons spécimens. Sur la gauche, une pièce plus petite renferme un grand coffre, où sont exposés les plus beaux minéraux. Une salle à l’arrière de la maison présente les minéraux « en solde ». La photo est celle du coffre.
Les côtes des minéraux exposés sont plutôt élevées entre 5 et 6 chiffres. On peut s’en offusquer, mais il est rare de trouver des minéraux de cette qualité, c’est un défi difficile à relever et surtout à réussir.
Les « thumbnails » sont un thème de collection très prisé aux USA, des minéraux plus petits, presque calibrés, d’un inch soit 2,5 cm environ en dimension maximale et un peu plus accessibles en valeur .
A 50 m de Fine Minerals, la Granada Gallery est spécialisée dans les fossiles, les gemmes ainsi que des réalisations artistiques et joaillières.
Cette année, il y a une très belle exposition de fossiles des schistes bitumineux de Messel (Hesse, Allemagne).
Et comme chaque année cette galerie nous ébloui pour les pierres taillées et les joyaux exposés. Ici des tourmalines Paraiba.
Malgré son aspect peu engageant de hangar de stockage, le Mineral City Show, recèle de nombreux trésors. Il regroupe la plupart des meilleurs dealers qui ont fui le Tucson City Center dont le niveau ne cesse de baisser ces dernières années.
Disposant de plus de place, il peuvent aussi faire des vente en gros. Ou bien mettre en vente des bibliothèques bien remplies.
Une zone était officiellement occupée par une seule personne; un courtier de biens de luxe inaccessibles « broker of unattainable luxurious assets ». Il présentait une collection récente, soclée qui a été vivement critiquée Certains n’y ont vu que des minéraux très améliorés. Officiellement, il s’agissait juste d’une exposition mais les spécimens disparaissaient quotidiennement. Que sont les bons minéraux !
Les spécimens de l’exposition de prestige.
La première vitrine qui nous accueillait à l’entrée.
Peu de nouveautés si ce n’est des moulages que cristaux de fluorite par du quartz, de Deer Trail Mine (comté de Piute, Utah, USA).
Ce show a été créé par des spécialistes de la systématique qui souffraient de se voir disséminés dans des shows plus ou moins hostiles à ce sujet. Il occupait un petit hangar ainsi que deux tentes. Les pluies ont rendu ce lieu particulièrement boueux.
Il ne faut pas se fier au côté « brocante » de ce stand. Depuis pas mal d’années, Shannon père, puis fils, proposent des raretés et des nouvelles espèces à des prix particulièrement compétitifs, pour la plus grande joie des systématiciens. Et pour les autres on peut trouver parfois des minéraux classiques, esthétiques et attractifs.
La highway 10 (l’autoroute 10) qui relie Phoenix à Nogaro, traverse Tucson et passe à proximité de son centre. Le long de cet autoroute s’égrènent une douzaine d’hôtels, historiques pour certains. Il y a aussi des parkings qui accueillent des tentes de vente. C’est là que sont les meilleures chances de dénicher de « bonnes affaires ».
Depuis quelques années le Ramada, l’ex-mythique Sheraton des années 1980-90, accueille le « Pueblo show », dont une partie est consacrée aux pierres gemmes brutes, une autre partie aux minéraux d’assez bon niveau. On y voit parfois de beaux cristaux comme ces proustites du Maroc ou ce quartz rutilé du Népal.
Parmi les nouveautés, ces cristaux de grenat grossulaire incolores ! d’Eldorado County (Californie).
Le « Pueblo show » est aussi un haut lieu de vente des cristaux géants.
L’essentiel des activités de Tucson est consacré aux pierres gemmes, des plus modestes à celles des plus hauts niveaux, des dizaines de manifestations gemmologiques, dont les deux plus prestigieuses sont celles de L’AGTA, située au centre des congrès, et celle du GJX, lui faisant face de l’autre côté de la rue.
La Smithsonian Institution expose chaque année à AGTA, dans des vitrines de prestige leurs nouvelles acquisitions et quelques joyaux.
Parmi ces nouveautés gemmologiques, on peut noter les dumortierites gemmes, de Madagascar, et des danburites « œil de chat », de Tanzanie (?).