Minéralogie de la France
Auteur : Eric Asselborn
Photographies : Raini Sicher
Illustrations et assemblages : Jean Sesiano
Edition à compte d’auteur
Tirage : 1000 exemplaires selon les réseaux sociaux
Nombre de pages : 241 pages, format 21,5x28cm
Langue : Français
Prix conseillé : 59 €
Disponibilité (en France) : difficile (à ce jour seulement disponible par des vendeurs associés sur Amazon), disponible sur des bourses de minéralogie.
Contenu :
Préface de l’auteur
Les collectionneurs. Petites notes sur 81 collectionneurs (du 18e au 21e siècle)
Les minéraux. Présentation d’un peu plus de 100 minéraux et leurs localités illustrées d’un à quatre spécimens.
Glossaire
Index des minéraux
Bibliographie : sommaire, à la fin de chaque description
Commentaires
La maquette
Elle est sobre et soignée, sans surprise : une page de texte en vis à vis d’une page contenant une ou plusieurs photographies sur fond sombre. Le choix des polices de caractères est agréable. Les bibliophiles concluront qu’ils ont affaire à un livre documentaire plutôt qu’à un beau livre.
Les photographies
La première impression exprimée par la grande majorité des personnes interrogées (une vingtaine) est que les photographies sont mauvaises. C’est injuste. Elles sont d’une bonne qualité compte tenu des spécimens souvent peu photogéniques. L’impression satinée donne un rendu plus proche de la réalité que les impressions brillantes habituellement utilisées. On est enfin loin des photos invraisemblables qui gangrènent la minéralogie de collection. On redécouvre les photos « naturalistes ».
Les spécimens photographiés
Les spécimens, dans la grande majorité des cas, sont de second choix et loin de ce que l’on connaît de mieux dans les grandes collections privée et publiques. A défaut d’une belle image, ces minéraux ont une histoire parfois illustrée par une étiquette ou un pedigree illustre. L’auteur définit aussi les minéraux décrits comme représentatifs d’une minéralogie « topographique » ( ?). Ce livre ressemble beaucoup aux livres-catalogues de vente qui se multiplient ces dernières années aux Etats-Unis.
Le style d’écriture
Le style d’un ouvrage se juge souvent dès les premières lignes. Nous avons en deuxième phrase : « ce genre d’ouvrage est maintenant plus répandu du fait de la simplification des techniques photographiques encore que ceux consacrés à la minéralogie topographique de la France restent peu communs ». Aïe, aïe, aïe. La suite du texte n’est pas vraiment mieux.
Le titre de l’ouvrage
Pourquoi avoir repris le titre de l’immense livre scientifique et exhaustif de Lacroix ? Surtout pour un ouvrage qui ne décrit que 104 minéraux. Aucune justification n’est donnée.
Les notes sur les collectionneurs de minéraux français
La partie sur les collectionneurs présente un mélange où se côtoient des scientifiques de renom, des marchands non collectionneurs, des mineurs tout aussi peu collectionneurs et tout de même des collectionneurs authentiques. On notera que les plus grands noms contemporains sont absents.
Les notes sur les minéraux topographiques représentés
Ces notes débutent généralement par une présentation chimique du minéral « topographique » et sa situation dans la classification minéralogique. Elle est suivie par un texte sommaire sur les conditions de gisement. Il s’ensuit une partie plus longue et moins structurée où le minéral est comparé à ce qui se trouve ailleurs dans le monde ou bien ailleurs en France. Dans quelques cas, les productions des différentes localités sont comparées, dans d’autres il n’y a qu’une énumération. Dès que la note s’éloigne de la simple énumération des localités, de curieux commentaires fleurissent. Ils sont émaillés d’anglicismes et de germanismes bien étranges ainsi que de mots et textes en italiques sans que l’on comprenne bien ce qui les justifie (sauf parfois quelques citations souvent du Lacroix). On appréciera, parmi d’autres, un stibine-like (pourquoi pas un stibnite-comme ?!).
Pour les spécialistes, ces notes ne sont pas exemptes d’erreurs, d’oublis, d’interprétations et d’adaptations. Les marques d’érudition tournent souvent à vide tant elles paraissent appartenir à un jargon que l’auteur a conçu et apprécie, seul. Bien souvent on ne sait pas ce que l’auteur veut transmettre.
Impressions générales
En dehors des énumérations plus ou moins complètes, le texte est vite chaotique, confus et sa lecture laborieuse. D’où viennent ces confusions ? On ne peut s’empêcher de penser à la magnifique phrase de Walter Benjamin : « Toute passion, certes, confine au chaos, la passion du collectionneur, en ce qui la regarde, confine au chaos des souvenirs… ».
L’auteur-collectionneur pratique une érudition véhémente, étrange et pédante qui ne convainc pas grand monde. Le style, pardonnable pour un jeune débutant, ne l’est plus pour un « écrivain » sexagénaire. Les minéraux photographiés sont moches, en majorité. La minéralogie « topographique » française, propre à l’auteur, est certes louable, mais elle ne trouve pas ici un support concluant.
Ce livre arrive peut-être trop tard. L’érudition « Bouvard et Pécuchet » propre à l’autodidacte passionné n’est plus de mise devant la culture actuelle en minéralogie de collection. En un mot et pour conclure, ce livre est pathétique. Mais n’est-ce pas là un caractère inhérent à toute passion ?