Tucson Show

Tucson 2011

Présentation préliminaire

La première surprise de cette 57e version des foires aux minéraux et gemmes de Tucson a été la fermeture, pour raisons financières de l’hôtel « Executive Inn ». Pendant de nombreuses années cet hôtel a été le point fort de la minéralogie. A partir de 2005, il a été supplanté par l’Inn Suites (devenu le « Tucson City Center »), mais demeurait un lieu de rendez-vous central entouré de plusieurs points de vente (comme le « Tucson Market Place » ou le « Superb Minerals » pour n’en citer que les plus importants). Les marchands de cet hôtel, certains avertis de la fermeture juste avant leur arrivée, ont tenté de se regrouper à proximité, au motel « Oasis », avec un succès plutôt mitigé.

 

 

La seconde surprise a été le record de froid jamais atteint : -9°C au thermomètre et -17°C ressenti (la nuit).

 

 

 

Si l’on exclut les marchands lésés et les nostalgiques des temps anciens (« où tout était mieux, moins cher et plus beau » dixit), il faut bien reconnaître que la fermeture de l’Executive inn n’a eu qu’un effet marginal car cette année le cap des 50 lieux de vente (répertoriés dans le guide officiel, mais il y en a d’autres) a été dépassé. Ils sont en majorité consacrés à la bijouterie. La minéralogie est principalement concentrée dans les lieux suivants :

Le « Tucson City center » (pour la minéralogie de haut/moyen niveau) et le « Quality Inn » (pour des minéraux de qualité plus aléatoire : chinois, russes et indiens en majorité) sont les hôtels les plus fréquentés par les minéralogistes. Les ventes dans ces deux hôtels, gérées par le même organisateur, devaient commencer le 29 janvier et s’arrêter le 13 février. Dans les faits, les activités ont démarré au moins une semaine avant si ce n’est plus !

Le « Tucson market place » est un ensemble de tentes occupées par des grossistes. C‘est un des lieux où sommeillent de belles affaires.

Le « Days inn » et le « Rapa River » sont de qualité plutôt basse.

Le « Howard Jonhson » a été choisi par quelques marchands brésiliens, pakistanais et afghans.

Le « Riverpark Inn» regroupe dans une annexe, quelques jeunes marchands étatsuniens prometteurs.

Le « Westward Look resort » représente « la crème de la crème » (minéralogie de niveau exceptionnel à haut). Il a été créé pour mettre fin aux « shows » interminables : il ne dure en effet que 4 jours.

En clôture, il y a le show officiel, le TGMS, le premier show historique, qui s’étalait cette année du 10 au 13 février. On n’y retrouve la majorité des grands marchands qui pour certains dévoilent quelques pièces majeures invisibles avant (sauf pour quelques « happy few »). Ce show est aussi l’occasion de plusieurs expositions temporaires en générale très attrayantes.

Si on cherche les minéraux de haut niveau et que l’on ne veut pas perdre de temps il faut fréquenter le Westward Look et ensuite le Tucson city center. Les prix y sont élevés mais les (très) belles affaires en terme de qualité/prix sont possibles (il ne faut cependant pas trop espérer trouver quelque chose de majeur en dessous de 5KUSD). Pour les bonnes affaires à petit prix, on peut tenter sa chance dans les autres points de ventes, mais sous un petit prix se cache souvent une mauvaise qualité. Sinon on peut se rabattre sur les minéraux qui ne sont pas à la mode : on y trouve des pièces majeures (voire de musée) mais bien peu spéculatives (du moins à court et moyen terme).

 

Installation devant le Tucson City Center

Une confirmation de cette année est l’arrivée de gros acheteurs chinois. Ils sont parfois mandatés pour constituer des musées en Chine et s’intéressent tout particulièrement aux spécimens de grandes dimensions (30 cm paraît être la limite inférieurs). Alors que la tendance du marché étatsunien allait vers des spécimens de petites tailles (moins de 15cm), on voit réapparaître des minéraux spectaculaires de grandes dimensions.

 

 

 

Quelques points forts de la minéralogie

Raconter tous les minéraux que l’on a vus à Tucson relève de l’exploit. Le but de ce compte-rendu est d’évoquer plusieurs des faits marquants en minéralogie et non pas de faire de la ligne en évoquant les dizaines de milliers de spécimens qui présentent un intérêt dans un domaine particulier. Le gigantisme des manifestations offre au moins un point d’intérêt : quels que soit ses centres d’intérêts, quel que soit son budget, on trouvera toujours quelques points de satisfaction (mais mieux vaut vite oublier les frustrations, inévitables !!).

 

La ruée vers le cuivre et son oxyde

L’événement de cette année, a été les cuprites et les pseudomorphoses de cuprite en cuivre de la mine Rubtsovskiy (Altaï, Sibérie, Russie). Depuis deux ans environ, cette mine produisait des cuivres natifs en rameaux ainsi que des cuprites. Ces dernières ont très majoritairement une forme en octaèdre avec plus ou moins de troncatures, leur couleur varie du rouge sombre au noir (les teintes sombres sont attribuées à des intercroissances de tenorite), la surface, au mieux, présente un éclat métallique à submétallique et, au pire, est terne. Cette année à Tucson, un grand nombre (des centaines) de spécimens a été proposé. Les cristaux ont atteint des dimensions tout à fait étonnantes : jusqu’à 8 cm pour des cristaux isolés très bien formés, rouges et brillants et plus pour des groupes de cristaux. On remarquera ici que les marchands précautionneux manipulaient ces cristaux avec des gants car la cuprite se ternit facilement. Il faut y ajouter des pseudomorphoses partielles ou totales en cuivre tout autant spectaculaires. L’engouement pour ces minéraux a été impressionnant. Dévoilés une semaine avant le démarrage officiel des « shows », les meilleurs spécimens se sont arrachés et les prix ont été presque doublés après une journée. Les belles pièces dépassaient les 10 KUSD (1 KUSD= 1000 dollars étatsuniens) et les meilleures avoisinaient les 100 KUSD. Lorsque l’on n’a pas les moyens pour ces « high prices », on a l’alternative suivante pour se consoler :

- soit acheter une pierre de moindre qualité (en relatif mais exceptionnelle en absolu). Il y avait des cristaux de 5cm pour quelques KUSD et des pièces centimétriques pour quelques centaines de USD.

- soit attendre en se disant que vu l’abondance de pièces, il y aura quelques (très) bonnes affaires à faire lorsque le vent de folie sera passé.

 

 

 

Les rhodochrosites géantes

L’entreprise Collector’s Edge s’est développée grâce à l’exploitation des rhodochrosites du Colorado. Elle a fait impression cette année en dévoilant au « main show » deux spécimens géants de cette même espèce fétiche (dimension mini : 40 cm !) mais chinois cette fois-ci : l’impératrice et l’empereur de Chine (les bruits donnaient une cote de 1,2MUSD pour l’impératrice et plus de 5 MUSD pour l’empereur !).

 

 

Les valeurs sûres

La découverte d’une poche exceptionnelle de crocoïtes de Tasmanie, annoncée à la bourse de Munich, a été confirmée à Tucson. Tout comme pour les cuprites, il fallait être présent précocement pour voir le lot intégral. Rappelons que les cristaux dépassent souvent les 10 cm. Les prix pour les pièces à grands cristaux s’étalaient entre 1 et 25 KUSD.

 

 

La mine de Milpillas (Sonora, Mexique) fournit depuis une demi-douzaine d’années les plus belles azurites du moment ainsi que des minéraux moins fréquents comme la brochantite en grands cristaux. Tous les ans, un marchand mexicain présente (là aussi une semaine avant le démarrage officiel) la production de cette mine dont il a l’exclusivité (les rares personnes qui ont essayé de briser cette exclusivité en gardent un bien mauvais souvenir). Plus de cent personnes étaient présentes à l’ouverture du stand. Les prix sont en général soutenus la première journée et négociables ensuite (mais la qualité est souvent moindre).

 

 

Quoi de neuf au Mexique ?

La proximité du Mexique fait de Tucson un lieu privilégié d’entrée des minéraux de ce pays aux Etats-Unis. En général, hormis les azurites de Milpillas déjà évoquées, les lots arrivent chez les différents grossistes tucsonniens, mais sont vite « visités » par des détaillants (résidant à Tucson ou à proximité). Ces quatre dernières années, la mine de Mapimi (Durango) a été très prolifique en wulfénites, rosasites, mimétites et fluorites. Cette année, ils ont presque disparu du marché. On a pu voir encore quelques fluorites en macles du spinelle de Naica (Chihuahua). Les creedites de la mine Navidad (Abasolo, Rodeo) ne cessent pas de grossir et cette année on a vu des groupes avoisinant les 20 cm avec des cristaux de 4 cm.

 

 

Les deux flops

A côté des succès de nouveautés comme les cuprites et les crocoïtes, il y a eu deux flops. Les alabandites d’Uchucchacua (département de Lima, Pérou) dévoilées en quelques dizaines d’exemplaires à bourse de Munich, on été relativement abondantes mais en spécimens petits et souvent de qualité plus faible qu’à Munich. Il n’en demeure pas moins que ce sont les meilleurs cristaux connus pour l’espèce. Il faut croire que le public étatsunien est ignorant, ou bien insensible précisément à cette espèce, ou bien réfractaire au matériel péruvien car il y a eu peu de ventes. Il est pourtant bien rare de pouvoir s’offrir des pièces de musée à moins de 5 KUSD voire moins de 1 KUSD.

 

 

Les ilvaites de Chine (Baotou League, Mongolie Intérieure) qui avaient fait une apparition discrète à Munich, étaient présentes en abondance. Selon des personnes qui se présentent comme bien informées, elles proviennent d’une très grande poche qui a fourni des cristaux brillants au début et qui continue et continuera à fournir en abondance des cristaux plutôt ternes. Malgré des cristaux géants (jusqu’à 16 cm… et peut être plus dans l’avenir ?) ou des groupes de cristaux esthétiques, ces ilvaites ont été boudées. Il est vrai que les prix, moyens, étaient assez élevés pour de la minéralogie noire (entre 2 et 30 KUSD pour un beau groupe) et que l’ilvaite, même en groupes esthétiques, est moins reconnue que la cuprite.

 

 

Les découvertes sympathiques

A côté de ces lots de minéraux à hauts/moyens prix, il ne faut pas oublier les découvertes de minéraux plus modestes. La plus importante en volume a été celle de pyromorphites et malachites de Brown’s Pit (Rum Jungle, Northern Territory, Australie). Les découvreurs on cru bon de reprendre une pratique commencée par Collector’s edge lors de la récolte des rhodochrosites du Colorado : outre la localité ils ont ajouté sur les étiquettes, leur nom ainsi que le nom des poches où elles ont été trouvées et qu’ils ont baptisées. On trouve ainsi des pièces venant de « the pizza pocket, « the turquoise pocket » ou « the golden Pocket » ! Les cristaux de pyromorphites sont millimétriques et leurs teintes, souvent insaturées, se situent dans le vert. L’association de ces deux minéraux exclusivement est peu banale. Les prix s’étalaient entre quelques dizaines et quelques milliers de USD. Toutes les pièces ont été vendues.

 

 

Sur le front des raretés

Tucson est l’un des grands lieux de rencontre de plusieurs communautés de minéralogistes spécialisés comme les micromonteurs (qui organisent toute une journée de manifestations durant le « Main Show ») et celle des systématiciens. La grande découverte en systématique a été des cristaux de despujolsite de N’Chwaning II (Kuruman, Afrique du sud). Ce rare sulfate de calcium et manganèse se présentait sous la forme de beaux cristaux vert tendre aplatis de quelques millimètres. Les prix demandés étaient élevés (quelques centaines à quelques milliers de USD). Ces hauts prix reflètent la concurrence acharnée qui s’exerce entre quelques collectionneurs systématiciens étatsuniens surtout.

 

Les expositions temporaires

L’un des grands plaisirs de Tucson est donné par les expositions temporaires. Le thème de cette année était la Californie : il a été comme d’habitude peu suivi. Les photos ci-après présentent un pot pourri de ce que l’on pouvait voir.

 

Partie de la vitrine proposée par le MAD (mineralogical association of Dallas)

Partie de la collection Proctor (à vendre)

 

Collection Evan Jones sur l’Arizona

 

Collection d’or de Californie de Wayne Leicht

 

Pépite de 23,26kg trouvée au détecteur en Australie au début de l’année 2010

 

Tourmalines « blue cap » de Californie

 

Minéraux de Californie du Muséum de Los Angeles

 

Grosse magnétite de Californie (meilleure de l’espèce : Traverselle est-elle oubliée !!!???)

 

Une des vitrines de la collection Sorensen

 

Une autre vitrine de la collection Sorensen

 

Pour finir : la benitoite, le minéral de la Californie

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