En ce tout début de mois de février 2013 les pelouses de l’Hotel Tucson City Center sont bien animées. Elle sont parcourues par de bien étranges créatures. On y reconnaît des minéralogistes aguerris d’envergures diverses (les dinosaures), des nouveaux venus aux dents longues (les requins) ainsi que des collectionneurs frénétiques (les mineraloceraptors).
Pas de doute, cette animation signe le début de la 59éme édition de la foire de Tucson. On devrait plutôt dire des foires de Tucson, car il y a plus de 40 lieux de ventes (dans les hôtels, les salles d’exposition, sous des tentes provisoires, etc.). Ils sont surtout consacrés à la bijouterie et gemmologie. La minéralogie et la paléontologie sont concentrées dans quelques rares lieux.
Le premier hôtel à visiter est le Tucson City Center (ex-Inn-Suites, ex-Ramada). Cette année il regroupe en plus les commerçants du Quality Inn qui, faute de succès, n’héberge plus de manifestation.
C’est ici que se concentrent les nouveautés, c’est ici que l’on vient collecter les premiers renseignements. Comme d’habitude (presque) tout le monde est dubitatif: il n’y a rien de neuf, il n’y a rien de bien, les prix sont fous. Après ces premières impressions, l’esprit s’affine, le travail commence.
Près de l’entrée, à l’extérieur, on voit le stand des minéraux de Millpillas (Mexique). Outre les maintenant traditionnelles azurites de belle qualité, il y avait un lot de brochantites de belles qualités avec des cristaux décimétriques. Les rares vesigneites ne sont pas présentées.
La principale (demi-nouveauté) est la présentation d’une découverte importante de crocoïte de Tasmanie (Australie) dont on a pu voir quelques spécimens en avant-première à la foire de Münich, l’an dernier. La grande originalité de cette découverte est que les cristaux ont cristallisé les uns après les autres selon une arborescence très aérienne (les mathématiciens y verront une structure fractale). L’effet est saisissant et classe ces pièces parmi ce que l’on connaît de plus original dans le monde minéral. La grande fragilité des cristaux est compensée par une gangue d’oxyde de fer particulièrement tenace.
Les autres points marquants sont des lots de découvertes récentes et plus ou moins connues. Il y a, par exemple, de beaux cristaux de fluorites roses octaédriques (5cm d’arête) sur gangue de Huanggangliang (Mongolie Intérieure, Chine), des bournonites pluricentimétriques (5cm) brillantes de Machacamarca (Potosi, Bolivie), ainsi que de nombreuses cuprites et pseudomorphoses cuivre après cuprite de Rubtsovskiy (Sibérie, Russie) de qualité moindre que ce que l’on a vu il y a deux ans. Notons aussi un lot de béryl héliodore d’Ukraine d’une qualité que l’on n’a pas vu depuis longtemps.
Béryls d’Ukraine cuprites et pseudomorphoses cuivre après cuprite de Sibérie
Les vrais nouveautés ne sont pas encore visibles: quelques photos circulent, quelques happy few ont pu les contempler. Elles concernent les deux sulfures de zinc: la sphalérite cubique et son dimorphe hexagonal, la wurtzite. De beaux (les plus beaux connus en fait) cristaux de wurtzite, gemmes, rouge sombre, en pyramide hexagonale de plusieurs centimètres ont été rapporté de Merelanit (Tanzanie). D’invraisemblables cristaux, jaunes citron, totalement gemmes, pluricentimétriques de sphalérite sur gangue (parfois sur des cristaux de löllingite) ont été extrait de la maintenant classique mine de Huangganliang déjà citée pour ses fluorites.
Pour se consoler de ne pas les avoir vu (acquis) en premier, on pouvait admirer les magnifiques vitrines présentées dans la maison de Fine Minerals située à proximité de l’hôtel ou bien participer à une des party qui ont émaillé la soirée.