TERRA MINERALIA
Compte rendu de visite
Un Musée est né
La création du musée de minéralogie « terra mineralia » à Freiberg (inauguré le 20 octobre 2008) est un événement majeur et exceptionnel à plus d’un titre. A une époque qui voit de vénérables musées et des collections historiques de minéraux et de géologie menacés ou en sommeil, il est pour le moins étonnant que surgisse un musée de minéralogie aussi ambitieux. Ce paradoxe s’explique lorsque l’on sait que ce musée a pour origine l’initiative privée (relayée certes par le Land de Saxe) de Mme le Dr Erika Pohl-Ströher qui a confié en prêt gratuit permanent sa collection. Deuxième sujet d’étonnement, ce musée est d’emblée l’un des plus importants d’Europe : en surface d’exposition (plus de 3000 mètres carrés), en nombre de spécimens exposés (plus de 3500) et en nombre de spécimens en réserve (80000). Un autre point notable est sa muséographie moderne, sobre et raisonnable qui s’inscrit harmonieusement dans un ancien et imposant château historique. Enfin on est étonné par la partie didactique et pédagogique dont le cœur de cible est les « mineralinos », autrement dit les enfants entre 8 et 12 ans intéressés par la collecte et l’observation des minéraux. On y trouve tout un matériel de détermination et d’observation des minéraux dont le fleuron n’est rien moins qu’un microscope électronique à balayage !
La collection « Pohl »
Mme Pohl est connue de tous les grands acteurs de la minéralogie depuis plusieurs décennies. Collectionneuse suisse, passionnée et richissime elle a constituée, durant une quarantaine d’années, une collection considérable, sans conteste la première collection privée d’Europe et la seconde du monde.
Cette collection est généraliste avec quelques préférences pour plusieurs gisements (comme Tsumeb et Touissit) et certains pays. L’immense majorité des spécimens sont issus de gisements actifs durant ces dernières décennies. On y trouve très peu de minéraux de vieilles mines « classiques » (i.e. fermées depuis suffisamment longtemps pour que le bilan de leur production soit bien établi et que les cotes soient bien assises).
Les choix de Mme Pohl-Ströher, dans ses acquisitions, sont très personnels. Ils sont surtout d’ordre esthétique et ne paraissent pas être très influencés par les critères généralement utilisés par les autres grands collectionneurs internationaux. Il ne faut donc pas s’étonner de voir une modeste (en terme vénale) rose des sables côtoyer une argentite du Maroc pesant plusieurs kilos et constituée de cristaux centimétriques. On peut se féliciter de cet « œil » qui met en avant la beauté des productions du monde minéral sans se laisser obscurcir par leur valeur marchande.
Il n’en demeure pas moins que l’on reste un (tout petit) peu déçu par le faible pourcentage de pièces majeures. Le désintérêt de Mme Pohl sur les critères de choix internationaux, était bien connu des marchands de minéraux allemands et (quelques) autres. Sa collection est en grande partie le reflet de ce qui lui a été proposé et il faut bien reconnaître que l’on ne lui a pas toujours présenté les spécimens qui pouvaient satisfaire les collectionneurs les plus exigeants. On relate aussi que Mme Pohl préférait souvent délaisser le spécimen exceptionnel (et coûteux) d’un lot et en acquérir plusieurs spécimens de qualité et de coût moindre. Si elle avait accepté les conseils d’un professionnel non marchand de haut niveau, sa collection aurait certainement dépassé, et de loin, ce que l’on voit dans les plus grands musées (pour les gisements récents).
On remarque aussi que les spécimens sont très peu travaillés (peu de réduction de la gangue, d’éliminations de défauts, etc.) et sans socle (sauf rares exceptions). Certains y voient un avantage, d’autres un défaut (les querelles entre partisans du minéral brute et les partisans des améliorations ne fait que commencer en muséographie minéralogique).
L’exposition
Le musée est divisé en plusieurs salles. La première (après l’accueil), appelée « plate-forme d’observation » est une présentation générale du musée, du monde minéral et de ce que l’on en tire (on remarque entre autre un énorme cristal de silicium obtenu par la méthode de tirage). On poursuit ensuite par des salles consacrées aux différents continents. Dans chaque salle, les minéraux sont (à peu près) regroupés par gisement. On y trouve aussi une animation plus ou moins pédagogique. Dans la première (Amérique), il y a un « voyage dans la lumière » avec une pièce présentant des minéraux fluorescents. Certains murs de cette salle sont recouverts de miroirs qui, disposés en vis-à-vis projettent l’exposition à l’infini. Dans la seconde (Asie), c’est le « voyage de Gulliver » de l’espace aux atomes. La salle africaine (et océanienne) nous invite à une expédition dans le temps avec les utilisations successives des minéraux (de la pierre taillée à la piézo-électricité). Enfin, la salle de l’Europe nous présente un voyage sur les origines des minéraux en Europe. En addition, il y a, dans une pièce supplémentaire, un voyage spéciale dans le monde scientifique où les minéralogistes en herbe peuvent s’initier à la cristallographie, aux méthodes de reconnaissance des minéraux et … au microscope électronique à balayage. Le tout équipé d’ordinateurs et d’une bibliothèque.
Une salle entièrement consacrée à la minéralogie allemande est en projet.
La visite se termine par le « trésor » qui occupe quatre salles dont les anciennes cuisines du château. On y trouve les (très) grands spécimens (dont la dimension minimum est voisine de 50 cm), quelques météorites (dont une grande pallasite, une météorite martienne et une lunaire de belles dimensions, excusez du peu), des tranches géantes (multimétriques) de l’impactite de Vredefort Crater (Afrique du Sud) – le plus grand et le plus ancien cratère d’impact connu. Une des pièces contient des vitrines-colonnes avec des bases carrées de faibles dimensions : chaque vitrine contient une gemme brute et cette même gemme, façonnée, incluse dans un joyau.
Les premiers bilans
Le musée de Freiberg présente un démenti aux muséologues qui prétendent que les collections de minéraux sont incapables d’attirer plus de quelques milliers de visiteurs par an. En effet, il a accueilli plus de 200000 visiteurs la première année. La seconde année a connu 108000 visiteurs. Il est plus que probable que ces chiffres se maintiennent. La ville de Freiberg est petite mais la région est très touristique : les villes de Dresde et Prague ne sont pas bien loin et, si on veut rester dans le monde minéral, des voyages minéralogiques et géologique de plusieurs jours sont proposés. On peut aussi visiter d’autres lieux consacrés aux sciences de la terre.
Visites à proximité
Rappelons que la ville de Freiberg héberge l’une des plus anciennes écoles des mines (1765) et par conséquent l’une des plus anciennes collections de minéraux. Elle est abritée dans un bâtiment baptisé Abraham-Gottlob-Werner-Bau (Brennhausgasse 14, tel + 49 3731-39-2264). Elle présente d’exceptionnels spécimens des Monts Métallifères et produit des expositions temporaires. Il est aussi possible de visiter une mine consacrée à l’éducation et à la recherche (Fuchsmülhenweg,
Les contacts
Bergakademie Freiberg, terra mineralia, Schloss Freudenstein, Schloßplatz 4, 09599 Freiberg, Contact: 03731 394654 (information desk: mo – fri, 9 am – 3.30 pm),
Mon impression
Je dois reconnaître que la profusion de spécimens de haut niveau m’a enthousiasmé et je regrette de n’y avoir passé que quelques heures, ce musée mérite bien une journée de visite, voire plus pour bien tout digérer. Il mérite le voyage à lui seul.
Sa muséologie, de haut niveau, pourrait encore évoluer et corriger quelques imperfections, inévitables vu l’ampleur de cette réalisation.
Mon seul regret est de n’avoir pas rencontré beaucoup de spécimens « surprenants » (« icônes » ou « totems » pour utiliser la nomenclature muséologique actuelle), c’est-à-dire dépassants ce que je connais de mieux en qualité pour une espèce donnée. Mais je suis bien obligé d’avouer que cette dernière critique est bien élitiste, elle procède d’une déformation professionnelle et ne doit en rien entacher la valeur de cette collection qui, avec la fermeture des gisements qui l’ont alimentée, ne fera que se bonifier.
Jean-Claude Boulliard
Directeur de la collection des minéraux l’UPMC – Sorbonne Universités, campus Jussieu
Quelques photographies… en guise d’invitation
Andreas Massanek, le conservateur de la collection, qui nous a aimablement guidés et renseignés
Maquette du château Freudenstein qui abrite la collection
Vue sur la cour pavée de figures cristallographiques
Vue générale d’une salle illustrant la muséographie adoptée (ici avec des miroirs en vis-à-vis)
Entrée de la partie intitulée « le voyage de Gulliver »
Vue partielle de la salle du trésor
Enorme argentite
Deux « must » de la collection (dimensions de l’ordre de 25cm !)
Belle série de minéraux de Touissit
Les cristaux de rhodochrosite sur la droite avoisinent les 5 cm !!!
Très grand groupe de stalactites de malachites (Rép. Dém. du Congo)
Apatite-(F) décimétrique
Schorl et quartz de grandes dimensions (Brésil)
Tourmaline, quartz et morganite (Brésil)
Le même minéral que la photo précédente mais en plus grand
Pour les amateurs d’espèces inhabituelles (surtout en cristaux décimétriques)
Un des rares exemples des stibines géantes de Chine
.
Zéolites et minéraux associés des trapps du Deccan (Inde)
Grande aragonite coralloïde du Kirghizstan
A l'occasion du 48ème Salon de Sainte-Marie aux Mines, Géopolis vous accueillera à son stand pour vous informer sur les actions menées et à venir mais aussi proposer des animations aux enfants autour de la réalisation des réseaux cristallins.
N'hésitez pas à nous rendre visite !
Terra Mineralia - Highlights from the World of Minerals
Cinq auteurs (voir contenu)
Edité par Edition Schloss Freudenstein (novembre 2010) - Tirage : non communiqué
Nombre de pages : 184 pages
Format : 28,5x20,8cm
Langue : En anglais (traduit de l’allemand)
Prix conseillé : 25 €
Disponibilité (en France) : non disponible sauf dans la bourse internationale de Sainte-Marie –aux-Mines.
Contenu :
Après une page d’introduction par le Prof Dr Georg Unland, ministre des finances de Saxe et une préface du Prof Dr Ing Bernd Meyer, recteur de la TU Bergakademie (de Freiberg) :
The History of the Freudenstein Castle par Uwe Richter. Ce chapitre trace l’histoire du château où est entreposée la collection de minéraux (ainsi que des archives).
Beauties bring joy to Freudenstein Castle par Christel-Maria Höppner. Cette partie narre par le détail les différentes étapes de la réalisation de ce musée.
The Pohl-Ströher Mineral Collection – Jewels in Saxony par Andreas Massanek. Massaneck est l’actuel conservateur de la collection. Il décrit dans cette partie, comment c’est fait le déménagement, il poursuit en évoquant l’importance de cette collection et le rôle du Prof Dr Unland. Il finit avec une note sur Erika Pohl-Strölher.
Terra Mineralia – an exceptional concept par Gerhard Heide. Après une présentation (muséologique) des différents lieux de ce musée, M Heide relate plusieurs évènements (comme l’inauguration).
Mineralogical Treasures from all over the World par Steffen Jahn. Ce cinquième chapitre est la partie la plus importante du livre (124 pages sur 186). Il présente environ 350 photographies (qui pour certaines sont plutôt des peintures). La présentation est géographique (Allemagne, Europe, Russie, Asie, Afrique, Amériques, Australie) et suit en cela l’exposition). Une description des gisements et des commentaires sur leurs minéraux introduisent chaque aire géographique. Cette introduction est suivie de photos (en général deux par pages, format paysage) légendées (nom du minéral, gisement et dimensions). Ces photographies représentent dans l’immense majorité des cas, le spécimen en entier : les photographies montrant des détails sont rares (un peu plus d’une douzaine).
Commentaires :
L’inauguration du musée « terra mineralia » à Freiberg (voir le rapport de visite sur le site geopolis) a été accompagné par la publication d’un livre éponyme rédigé en allemand, ce qui a frustré une large communauté de minéralogistes et de collectionneurs qui ne maîtrisent pas la langue de Goethe. La traduction anglaise était annoncée comme imminente, elle a eu lieu en novembre 2010. Cette traduction était attendue. L’histoire du lieu (le château de Freudenstein), l’histoire de la collection d’Erika Pohl-Ströher, la réalisation de ce musée ont intrigué plus d’une personne tant elles sont hors normes. Les quatre premiers chapitres de cet ouvrage répondent à ces interrogations et offrent des informations supplémentaires précises et intéressantes. Les textes du 5e chapitre, qui introduisent les différentes aires géographiques, sont instructifs et de lecture agréable. Les photos sont de bonne qualité
Il semble que les concepteur de ce livre n’ont pas voulu faire un ouvrage de bibliophilie : la maquette est peu originale, le format est petit et la couverture est souple (l’édition allemande bénéficie d’une reliure cartonnée avec la photo du quartz pelliculée). C’est tout de même un bien beau livre. Les textes en font un ouvrage de référence en histoire de la minéralogie de collection. Les photographies de qualité donnent une fidèle image de cette collection majeure. On regrettera cependant leur petit format et on invitera donc le lecteur à regarder de (très) près ces photos pour s’y immerger, pour ainsi dire, et découvrir tous les détails des spécimens représentés. C’est l’un des inconvénients des photographies de spécimens en entier
Les seuls points noirs de cet ouvrage sont que le titre est bien abscons pour les personnes qui ne connaissent pas (encore) l’existence de ce musée et que les photos de minéraux arrivent bien tardivement (page 62). Lorsque l’on feuillette un ouvrage que l’on ne connaît pas, on se fixe bien souvent sur les premières pages. Pour beaucoup de personnes donc, cet ouvrage est une présentation d’un musée et ils ignorent qu’il contient autant de photos de minéraux. J’en ai fait l’expérience. Plusieurs fois, des collectionneurs m’ont dit attendre avec impatience un livre sur la collection « Pohl » alors qu’ils avaient déjà sommairement feuilleté l’ouvrage « Terra Mineralia ». A chaque fois, j’ai vu des visages incrédules lorsque je leur ai dit que cet ouvrage leur offrait ce qu’il recherchait. Espérons que cette courte note palliera ce problème.
A.P.
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