Introduction
Il est bien difficile de dire quand la 52e édition de la foire de Sainte-Marie a commencé.
Les premières installations semblent avoir eu lieu le week-end du 20 juin 2015. Le lundi 22, un nombre conséquent de stands était installé. Le mardi 23 était le jour des retardataires. Le mercredi 24, tout était près pour l’ouverture au "professionnels". Le jeudi c’était le rush !
Si l’on veut atteindre les minéraux nouveaux de haut niveau, inutile de se presser. Il faut avoir été accepté dans le marché parallèle, celui qui s’effectue dans les chambres d’hôtel depuis plus d’une semaine. Le lundi 22, les jeux sont faits et certains partent déjà le mercredi 24.
Pour qui connaissait l’ambiance sympathique, une peu confuse mais pleine de surprises qui caractérisait cette manifestation il y a encore 3-4 ans, les changements sont saisissants : vigiles pas toujours sympathiques à l’entrée, règle strict d’installation des stands, ambiance presque feutrée, allées goudronnées, nouveaux lieux autrefois inaccessibles, activités pour enfants payantes. La bourse a gagné en professionnalisme, à la grande satisfaction des professionnels.
Les nouveautés
La principale nouveauté est de la vivianite associée à de la ludlamite trouvée dans une localité mystérieuse de l’Amazonie (Brésil). Les cristaux de vivianites sont allongés (jusqu’à 18 cm), ceux de ludlamites sont plus épars et petits (max 1cm). Tous ces cristaux tapissent des sortes de géodes qui sont l’intérieur de fossiles (poissons).
Pour le reste, il serait plus juste de parler de semi-nouveautés. La première est l’apparition de deux lots de plumbogummites pseudomorphosant partiellement des cristaux "géants", jusqu’à 7 cm, de pyromorphite. Les cristaux de pyromorphites sont cariés, leur couleur (due au recouvrement de plumbogummite) est bleu pâle. Les grandes pièces avoisinent la trentaine de centimètres. La localité (juste) est Yangshuo (Guangxi). Malgré leurs caractéristiques incroyables, certains collectionneurs les ont boudé à cause du manque de formes cristallines nettes. Il n’est pas sûr que la production future fournisse des cristaux aussi grands. En effet ces lots proviennent d’une série de poches qui faisaient suite à celles qui ont fourni les grandes plumbogummites mamelonnées de ces deux dernières années. Les toutes dernières poches fournissent des groupes plus petits. Inutile d’aller les chercher chez les marchands chinois qui désertent de plus en plus Sainte-Marie. Ces lots étaient présents chez des négociants européens familiers de la Chine.
Toujours de Chine, il y a des cristaux de wulfenite de grandes dimensions (4-5 cm) de couleur orangé plus ou moins saturée.
La troisième semi-nouveauté vient du Portugal et plus précisément de Panasquéria qui continue de produire des apatites de belles qualités.
La quatrième semi-nouveauté a trait à la Bolivie. Les belles cassiterites, vivianites, ferberite et autres minéraux plus rares (andorites, phosphophyllites, etc.) refont leur apparition après une assez longue éclipse. Les groupes de cassitérites ont des dimensions jusqu’alors insoupçonnées (jusqu’à 50 cm avec des cristaux centimétriques). Quelques rares vivianites montraient des cristaux fantômes.
Quand les azurites et malachites de Sepon (Laos) sont apparues il y a deux environ, certains ont cru qu’il s’agissait de pièces issues de Millpillas (Mexique) à qui l’on offrait une origine exotique afin de délayer les effets néfastes d’une forte surproduction. En fait les spécimens de Sepon ont des caractéristiques qui les différencient de Millpillas. La principale est que la gangue est latéritique (rouge brique) à Sepon, alors qu’elle est blanche à Millpillas. Quant aux malachites, elles sont d’une qualité que l’on n’a jamais rencontrée au Mexique.
A la suite de ces (demi-)nouveautés, il y a toute une série de minéraux plus ou moins originaux. On a noté un lot de wulfenite d’Iran, des atacamite de Lily mIne et quelques beaux échantillons isolés comme une belle topaze et un bouquet de tourmaline du Brésil.
Les expositions
Plusieurs expositions ont émaillés la bourse de Sainte-Marie.
La première est celle sur les macles de staurolites. Elle a permis de voir des « monstres » (plus de 210 cm) de macle en croix grecque et croix de Saint-André trouvés en Bretagne (France) et en Russie.
La seconde est l’exposition dite de prestige dont le thème est « les Alpes ».
Le lieu en lui-même n’est pas très prestigieux : il s’agit d’un local de 100-150 m2 avec des câbles électriques apparents et une faible hauteur de plafond. Les vitrines "bureau" offrent une vision satisfaisante, les échantillons sont présenté sur des plots de hauteurs différentes : l’ensemble est plaisant mais on regrette un manque de finition incompréhensible (parties disjointes). Les étiquettes relèvent du travail d’amateur et contiennent beaucoup d’erreurs. Il y a cependant l’exception des étiquettes du Musée de Lausanne qui nous ont offert une réelle innovation muséographiques avec une petite photo du gisement, les nom et gisement et finalement un petit texte ("teaser") de 2 lignes. Grâce à ces étiquettes, les spécimens de ce musée ont été particulièrement appréciés. Pour en finir avec la présentation de cette exposition, il faut aborder l’éclairage. Les organisateurs ont opté pour un éclairage que l’on subit actuellement sur certains stands commerciaux (LED sur fond blanc). Le résultat est parfois malheureux : les fluorites roses prennent un nuance saumon.
Le nombre de spécimens exposés est considérable, environ 400. On y note entre 20 et 35 spécimens de niveau international. Ce sont pour l’essentiel des spécimens de musée, plus ou moins connus, ainsi que des spécimens de cristalliers ou de collectionneurs, plus ou moins inconnus. Pour le reste ce sont minéraux pour collectionneurs spécialisés en systématique régionale : ils représentent ce que l’on a trouvé sur le marché ces 30 dernières années. Dans ce cadre, le niveau est élevé et instructif pour ceux qui y sont impliqués. Il faut cependant bien reconnaître que l’intérêt pour ces minéraux tient surtout à leur étiquette. Prenons par exemple le quartz qui illustre l’affiche de la Bourse : avec son étiquette, qui indique "Le Noirey" (Maurienne, Savoie, France), c’est une icône de la minéralogie de la Maurienne. Si l’étiquette avait indiqué Waziristan (Pakistan) c’est un spécimen modeste par rapport à ce que l’on pouvait acquérir sur plusieurs stands. L’appréciation de l’exposition par le public se situait dans cet intervalle : les spécialistes ont été subjugués, le large public a plus ou moins apprécié, les amateurs de minéralogie internationale se sont contentés des quelques pièces majeures, celles qui n’ont pas besoin d’étiquettes pour les valoriser.
Remercions les organisateurs pour leur effort et leur travail, et abordons plus en détail cette exposition.
Commençons par quelques raretés : la jordanite du British Muséum, les dufrénoysites et cafarsite.
A la suite viennent les minéraux moins rares et classiques comme l’anatase du Binntal, l’anhydrite du Simplon, les demantoïdes du Val Malenco, la magnétite de Traverselle, la prehnite du Mont de Lans, un diopside et les vésuvianites de Bellecombe.
Plusieurs minéraux ont été surreprésentés. Le premier, à l’entrée de l’exposition, est la sidérite et en particulier celle de Saint-Pierre-de-Mésage.
Puis les célèbres fluorites roses du Mont-Blanc et d’autres comme celles, bleu à prourpre, récentes, mais très nettoyées de Sogno (Lombardie, Italie).
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Et enfin le quartz, le minéral emblématique, s’il en ait, des Alpes.
On peut aussi aborder l’exposition en adoptant une lecture basée sur les gisements célèbres comme La Gardette, Baveno ou La Mure.
On peut enfin aborder l’exposition en adoptant une lecture sur les musées représentés. Avec une mention spéciale pour le musée de Lausanne pour ces étiquettes et ses incroyables calcites du tunnel de Lötschberg.
Ce tour d’horizon des minéraux étant fait, abordons maintenant les fossiles. Ce qui est rapide, car ce thème qui a tant de succès avec les dinosaures et autres sauriens, n’est pratiquement pas représenté à Sainte-Marie. Faute de place paraît-il ?
En dehors des activités commerciales, il y a quelques conférences scientifiques dans une toute petite salle et beaucoup de conférences de lithotérapie. Ces dernières nous renseignent, par exemple, sur "des canons d’énergie, condensateurs électromagnétiques, harmonisateur de lieu de vie" qui "créent un champ d’énergie dont le rayonnement sera fonction du volume des outils utilisés". Et autres sornettes.
Animations
Le stand de Géopolis, bien qu’un peu petit, un peu excentré, a connu un réel succès, très apprécié pour ses animations gratuites et originales sur la cristallographie du diamant, les enfants ont construit leur tétraédres, octaédres, structures cristallines. Les documents de Géopolis, flyers et échelle stratigraphique, distribués gracieusement, ainsi que l’exposition, en particulier ceux de l’exposition dinosaures ont été particulièrement appréciés.
Il y avait d’autres animations pour les enfants sur la bourse, mais payantes; sur les tremblements de Terre, la recherche de fossile, l’orpaillage etc.