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Cavradi

 

Auteur : Christian Hager, Jochen Mattis, Patrick Reith, et Teodosi Venzin

Ouvrage bilingue : allemand et anglais

Traduction anglaise : Günther Neumeier

Photographies : Christian Hager

Editions : Jochen Mattis, CH-4153 Reinach

Tirage : 1500 exemplaires

Nombre de pages : 216 pages, 319 photographies (sauf erreur), format 34,5x25 cm (avec le coffrage), 33,5x24,5 cm (livre seul)

Prix conseillé : 79 €

Disponibilité (en France) : difficile (à ce jour inaccessible sur Amazon), disponible sur des bourses de minéralogie. Contact : www.swiss-minerals.com

 

Contenu 

Préface

Géographie

Géologie

Minéralogie

Stralher (cristalliers) et fentes alpines

Images de la zone des hématites

La collection Wiser

Images de la zone des anatases

Remerciements

Bibliographie


Commentaires

La maquette

Le livre est luxueux, présenté dans un coffrage. La maquette est soignée mais peu créative, elle se résume pour l’essentiel à un catalogue de photographies. Le choix des polices de caractères est agréable.

Les photographies

Les photographies de minéraux sont d’une bonne qualité principalement sur fond noir. Elles se veulent spectaculaires pour des spécimens assez petits. Les parties descriptives et historiques du gisement sont illustrées de photos et de schémas récents et anciens (45 environ).

Les spécimens photographiés

Les minéraux des gorges de Cavradi jouissent d’une très grande réputation, depuis longtemps. Il est difficile de les comparer à ceux d’autres gisements. Les plus beaux se vendent vite et chers. L’ouvrage ne présente donc pas les meilleurs spécimens connus et vendus depuis longtemps, mais plutôt un état des lieux de ces dernières années (avec ou sans les meilleures trouvailles ?).

Le style d’écriture

Le texte est plutôt technique et austère. Les informations issues directement des cristalliers sont sûres. Il n’y a cependant que 23 pages de texte, à diviser par deux compte tenu du bilinguisme.

Impressions générale

Ce livre ressemble à la fois à un catalogue de vente et un livre où les cristalliers ont voulu se faire plaisir et pérenniser leur image. Il est aussi une introduction sur ce gisement historique et spectaculaire. Les photos du gisement ainsi que celles présentant les cristalliers en situation sont assez impressionnantes. Elles permettent de mieux comprendre la fascination qu’exerce cette localité Voilà donc un livre condamné au succès, malgré son prix plutôt élevé et une faiblesse certaine dans les textes.

MIM - Musée des Minéraux de Beyrouth

 

Texte de Suzy Hakimian (1) et Jean-Claude Boulliard (2)

(1) Conservatrice en chef du MIM, Université Saint Joseph, MIM, Université Saint Joseph – Campus de l’Innovation et du Sport, Rue de Damas , Beyrouth, Liban

(2) Directeur de la collection des minéraux de l’UPMC – La Sorbonne, Collection des Minéraux, 4 place Jussieu, 75252PARIS cedex 05, France

 

« Il y a un temps pour tout…. Un temps pour lancer les pierres, et un temps pour ramasser les pierres ». L’Ecclésiaste 3

 

 

Préambule

Ces dernières années, le monde de la minéralogie de collection bruissait d’informations plus ou moins secrètes sur un projet de musée de minéraux à Beyrouth, Liban. Qui plus est d’un musée qui regrouperait des minéraux d’une qualité ultime, ce que les états-uniens qualifient de « best known » ou « near best known minerals ». Peu à peu la rumeur s’est muée en réalité. Finalement ce musée a été inauguré en grandes  pompes le 12 octobre 2013. Son nom est « MIM » qui est la prononciation de la lettre M en arabe. Lettre que l’on retrouve dans le logo du musée.

 

La genèse d’une collection

L’histoire du MIM commence un jour de février 1997 dans le quartier Saint Germain et plus précisément dans la rue Guénégaud bien connue alors des collectionneurs de minéraux car elle abrite, depuis plusieurs décennies, la boutique de Michel Cachoux. Ce jour-là, Salim Éddé, intrigué, franchit le seuil de la boutique et rencontre Michel qui, comme à son habitude, se lance dans une présentation passionnée, brillante et débridée des minéraux. Il conduit Salim à l’étage supérieur dans la pièce considérée par beaucoup, comme le saint des saints de la minéralogie parisienne. C’est là, que sont conservés les minéraux hors classe, réservés à quelques collectionneurs triés sur le volet.

Salim est conquis. Les semaines suivantes, il visite les autres magasins de minéraux de Paris. Alain Carion lui conseille de visiter les musées parisiens du Muséum, de l’École des Mines et de Jussieu (UPMC-Université Pierre et Marie Curie). Il est particulièrement ébloui par la collection de l’université. Il contacte Jean-Claude Boulliard, qui est depuis peu le directeur et conservateur de la collection. Une longue série de discussions interminables sur les minéraux commence alors. Polytechnicien et chimiste de formation, les minéraux attirent Salim par les interrogations scientifiques qu’ils lui suggèrent. Comment se sont-ils formés ? Quelles sont leurs propriétés physiques et chimiques ? Cependant, son père, collectionneur d’art et numismate de niveau international, lui a appris que pour constituer une grande collection, il faut acquérir au moins le meilleur et le dépasser si possible. Les acquisitions de haut niveau vont se succéder.

 

Une collection de collection

Une des caractéristiques de la collection du MIM est qu’elle profite d’une période très faste où beaucoup de collections sont mises en vente et où s’ajoutent d’incroyables découvertes en Chine, au Pérou, au Pakistan, en Afghanistan, aux Congo. À chaque fois, ce sont les plus belles pièces qui sont acquises.

La collection compte aujourd’hui 1450 spécimens. Cela semble peu, mais la majorité présente une qualité ultime. Pas moins d’une cinquantaine de minéraux se classent dans ce que l’on connaît de meilleur pour l’espèce (et l’on ne parle pas ici de raretés microscopiques). Peu de musées peuvent se vanter d’en exposer plus d’une dizaine.

 

Un pari improbable, le MIM

Posséder des minéraux parmi les plus beaux jamais connus procure certainement un grand plaisir, mais Salim prend vite conscience que la contemplation solitaire des minéraux n’est pas un but en soi. Il forme rapidement le projet de constituer un musée. En 2004, il en parle au père René Chamussy, alors recteur de l’université Saint-Joseph à Beyrouth. Tout en lui expliquant son projet, il sort une tourmaline d’une boîte pour lui montrer à quoi ressemblent les minéraux. Etonné, le père Chamussy lui demande : « Est-ce ainsi qu’ils sont dans la Nature ? ». Salim acquiesce. Trois minutes plus tard le recteur prend sa décision. Un nouveau campus est en chantier, il y a 1300 m² destinés à un parking qui seront maintenant réservés aux minéraux. Salim avoue n’avoir jamais été témoin d’une décision aussi rapide pour un projet aussi improbable.

 

Un projet, une réalisation exemplaire

La réalisation de ce projet doit attendre la construction du campus. Ce qui n’est pas simple dans une ville millénaire, où le moindre chantier met à jour des vestiges archéologiques. Ce qui n’est pas simple aussi pour une ville martyre qui subit, depuis des décennies, toutes les menaces et agressions du Moyen-Orient. Salim s’entoure d’une équipe dynamique, compétente et dévouée. Il prend comme architecte Fadlallah Dagher, renommé pour sa réalisation de l’ambassade de France (entre autres). Suzy Hakimian, ancienne conservatrice du Musée National et personnalité connue de l’ICOM, est nommée conservatrice. Elle est secondée par Carole Atallah.

En 2010, le plan du musée est à peu près terminé, en mai 2011, la maquette du musée est prête, à la fin de l’année, les travaux commencent, en juillet 2012, les vitrines sont installées, les minéraux sont prêts à être déballés et installés.

Il était initialement prévu qu’il y aurait un pourcentage assez modeste de minéraux exposés sur socles. Sur les conseils de Suzy, il apparaît vite que le soclage profite aux minéraux : un millier de spécimens seront soclés, ce qui demandera plusieurs mois. En juillet 2013, il ne reste plus que quelques détails. Il faut maintenant choisir la date de l’inauguration. Ce serait une tâche aisée dans de nombreux de pays, mais ne l’est pas ici. La guerre est aux portes du Liban et les risques d’embrasement sont importants. Finalement le cabinet du Président du Liban fixe le 12 octobre. Sous réserve que la situation le permette.

 

Un musée

La visite commence par la boutique et la billetterie situées sur l’esplanade du campus Saint Joseph. Un escalier, et un ascenseur, permettent l’accès à l’Atrium, une vaste salle qui dessert les différentes parties du musée. C’est d’abord un espace de rencontre qui accueille aussi des activités sociales et culturelles. Comme « mises en bouche », 5 colonnes incrustées de petites vitrines exposent des minéraux. Une salle de 75 m2, la salle Cristal, est dédiée aux expositions temporaires.  Le musée, proprement dit, commence par un large corridor, « le couloir de présentation » avec un mur flanqué de neuf vitrines colonnes présentant les principales classes minérales illustrées par un minéral esthétique de grande dimension. Des panneaux interactifs placés en vis-à-vis permettent de faire ses premiers pas dans le tableau de Mendeleïev et les arcanes de la minéralogie. Toutes les explications sont données en arabe, anglais et français. On entre ensuite dans une grande pièce « la salle de la systématique ». À son entrée, à droite, une alcôve « l’alcôve des minéraux rayonnants » est constituée d’un petit couloir qui mène à une vitrine, où sont exposés les minéraux uranifères et les thorifères, équipée d’une évacuation du radon.

La salle de la systématique est composée de vitrines murales et armoires qui contiennent les minéraux rangés suivant les différentes classes minérales. Les cartels présentent le nom du minéral en arabe, anglais et français. Si l’on veut plus de renseignements, on se connecte avec son smart phone au site qui donne des informations détaillées.

Pour donner au lecteur une idée du niveau d’excellence des spécimens exposés, on va vous décrire quelques minéraux des vitrines de la première classe, celle des natifs. Y sont exposés des cristaux d’or de 4 cm, des cristaux de plomb et de bismuth de dimension similaire, de rarissimes cristaux centimétriques d’antimoine sur calcite, des diamants de plusieurs dizaines de carats, de variétés différentes  comme des macles ou un très beau diamant « astérié ». Des cuivres cristallisés du Michigan, superbes, des argents en rameaux de Kongsberg très esthétiques et dépassant la dizaine de centimètres, quelques uns des plus beaux argents cristallisés du Michigan. Pour ceux qui trouveraient les ors un peu petits, les cristaux de cuivre pas assez grands et les diamants trop légers, il y a encore mieux plus loin. Au sein de cette salle, aux deux tiers du parcours environ, on découvre une grande vitrine murale avec trois niveaux en pyramide, c’est la « vitrine des trophées » imaginée par l’architecte, Fadlallah Dagher. Elle contient des spécimens de qualité ultime issus de grandes collections. Cette vitrine est stupéfiante ; elle présente à elle seule assez de spécimens pour faire la fierté de plusieurs des plus grands musées internationaux.

On passe de la salle de la systématique à une pièce avec trois pans de vitrines murales consacrées à la systématique régionale. L’ambiance est celle d’un cabinet de curiosité ; les spécimens sont présentés sur des socles portant le nom et le pays d’origine. Un vaste écran interactif horizontal donne des informations plus précises sur la minéralogie des pays représentés et leurs gisements. Il n’y a pas de quatrième mur mais un pan de mur, baptisé « le mur des tourmalines » qui est incrusté de 99 tranches de tourmalines de Madagascar éclairées par l’arrière ; elles montrent au visiteur des structures insoupçonnées, souvent cachées.

Ce pan de mur masque partiellement deux petites entrées : celles de la « salle du trésor », le saint du saint du MIM. Elle est composée de 21 vitrines colonnes. Chacune contient un ou plusieurs spécimens. Il n’y a pas de cartels. Les minéraux ici sont précieux, ils sont portés à l’admiration du visiteur pour leurs seules qualités. Un diamant de plus de 300 carats, des pépites d’or cristallisées époustouflantes, des saphirs, des rubis, des émeraudes, de formes et de couleurs vertigineuses. Comme le dit Salim : « J'ai voulu partager cet étonnement pour l'esthétique du monde minéral sur lequel s’est construite la vie sur notre planète ».

L’ensemble du musée abrite 1450 pièces, illustrant plus de 300 espèces, issues de 61 pays. Les nouvelles technologies d’animation visuelle, des écrans tactiles et site web pour tablette offrent une plus grande interactivité avec les visiteurs et permettent la transmission d’un plus grand nombre d’informations. Il n’y a pas d’exemple de musée de minéralogie avec ce niveau de développement des supports informatiques.

 

L’inauguration

Le 12 octobre 2013, le MIM est enfin inauguré. Près de trois cents personnes sont présentes, Son Excellence Monsieur le Président de la République du Liban Michel Sleiman, Monsieur le Premier Ministre Tammam Salam, Messieurs les ministres, Messieurs les Députés et Messieurs les Ambassadeurs, notamment Monsieur l’Ambassadeur de France Patrice Paoli, passionné de minéraux.

Le monde de la minéralogie est représenté par une cinquantaine de personnes : scientifiques, conservateurs, collectionneurs et négociants. La cérémonie se déroule sur l’esplanade du campus, à l’air libre. Elle commence à 18 heures, juste au coucher du soleil, par le discours du recteur de l’université Saint-Joseph, le père Salim Daccache, suivi de trois discours de Monsieur Salim Eddé en arabe, en français et en anglais. Elle se poursuit par un spectacle de son et lumière réalisé par Jean Gibran, professeur d’audiovisuel à l’université Saint-Joseph. Puis, Monsieur le Président de la République accompagné de ses ministres coupe le ruban en présence de Salim Eddé  qui les conduit dans une visite guidée et commentée. Un buffet dînatoire permet ensuite à chacun de lier connaissance et de partager ses impressions. Les plus courageux ont terminé la soirée (ou la nuit) au célèbre night-club « Sky Bar » qui domine la baie de Beyrouth près du port.

 

Conclusion

Le Liban est connu pour sa richesse paléontologique et les témoignages de l’histoire d’un Océan disparu : Thétys. Dans ses calcaires, on découvre les fossiles parmi les plus extraordinaires du Monde. L’histoire exceptionnelle du Liban est assez jeune en termes géologiques. Par contre, pas de mines de pierres gemmes, de diamants, béryls, tourmalines ou grenats. On ne risque pas d’y découvrir non plus des filons de cuivre, d’or ou d’argent. Que l’on se rassure, le MIM à Beyrouth répare cette injustice géologique et fait du Liban le pays où se trouvent maintenant les plus beaux spécimens de minéraux jamais exposés au regard et à l’imagination.

Le MIM est un musée qui contribue à enrichir le patrimoine culturel de Beyrouth et à faire de cette capitale toujours une des plus attirantes de la région. C’est un musée qui témoigne de la volonté inébranlable de cette ville et de ce pays de renaître, de vivre, de prospérer et de rayonner malgré tout. C’est aussi un musée conçu comme un lieu de rencontre et d’initiation d’un large public.

Pour le collectionneur, l’amateur de minéralogie, il a le mérite de répondre enfin à une question sans cesse posée : quel est le plus beau musée au monde?

Il faut visiter ce musée parce que c’est là que l’on peut découvrir et connaître de quoi le monde minéral est capable. Ses nombreuses options muséologiques et informatiques renouvellent la présentation des minéraux et les fait entrer brillamment dans le vingt et unième siècle.

 

Informations diverses

Localisation : Campus de l’Innovation et du Sport- Université Saint-Joseph, Rue de Damas, Beyrouth

Téléphone:    +961 1 421672

Courriel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Site internet : http://www.mim.museum                                                           

Horaires : 10h – 13h, 14h – 18h. Fermeture les Lundis 

Tarifs :

Moins de 12 ans : gratuit

13-18 ans : 2000 L.L.

Etudiant : 3000 L.L.

Adulte : 6000 L.L.

Membre ICOM : gratuit

Remarque : le dollar US est partout accepté au Liban. Le taux de change est 1 USD = 1500 LL (Livre libanaise)

 

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Freddy Libmann, un des fondateurs de Géopolis nous a quitté. Nous présentons à sa famille et ses amis nos sincères condoléances.

Remarque préliminaire

Le texte qui suit à pour but d’être une mise en garde sur les différents risques encourus avec les minéraux et de donner quelques premières mesures de précaution élémentaires à prendre. En aucun cas il ne doit être pris comme un texte faisant force de loi. Pour des raisons de compréhension, des termes techniques ou légaux ont été adaptés. Certains chiffres sont des ordres de grandeurs et, malgré le soin apporté, des erreurs peuvent subsister (on remercie par avance les lecteurs qui nous les signaleront). En cas de besoin, le lecteur est invité à s’engager dans une démarche plus approfondie en consultant les ouvrages, les instituts spécialisés et/ou les textes de loi.


La radioactivité

La radioactivité d’une substance est l’émission de particules de fortes énergies ; les particules alpha (α), qui sont des noyaux d’hélium, les particules bêta (β) qui sont des électrons et/ou des particules gamma (γ) qui sont des photons (des particules de lumière). Comprendre les risques de la radioactivité n’est pas une chose simple. La première difficulté tient à ce que le monde de la radioactivité n’est pas toujours un monde où l’on additionne. C’est un monde où les calculs sont souvent en exponentiel, en puissance ou en logarithme. Il en résulte des situations qui ne sont pas du tout intuitives. Comment expliquer, par exemple, qu’un rayon g pénétrant dans une matière est tout d’abord peu absorbé qu’ensuite à une certaine profondeur il devient sur une petite distance presque totalement absorbé ? Comment expliquer que la radioactivité d’un corps radioactif décroît de moitié pour des durées fixes (le calcul est simple mais il est du niveau de première année d’études supérieures) ? Comment expliquer que la radioactivité contenue dans les centrales nucléaire soit considérablement plus élevée que celle de la matière initiale que l’on y a introduite ?

La seconde difficulté tient à la peur qu’engendrent les manipulations humaines qui, de la bombe atomique à Fukushima, ont démontré la dangerosité du nucléaire. Peur justifiée lorsque l’on sait que quelques milligrammes de matière à faible durée de vie (quelques jours) provoquent des irradiations mortelles rapidement. Peur moins justifiée pour les minéraux naturels qui ont une radioactivité incroyablement plus faible que des matériaux créés dans les centrales et l’industrie nucléaire. L’uranium 238, par exemple, l’isotope d’uranium le plus abondant dans la nature, perd la moitié de sa radioactivité en 4,5 milliards d’année, le thorium 232, plus abondant que l’uranium, en 14,5 milliards d’année. Pour se faire une idée de la radioactivité « artificielle », considérons le cobalt 60, utilisé en radiothérapie, qui perd la moitié de sa radioactivité en 5,27 ans. Un gramme de ce cobalt est donc (4,5 x109/5,27)x(238/60)= 3,39 milliard de fois plus radioactif que cet uranium : 1 gramme de cobalt 60 a donc autant de d’émissions que 3390 tonnes d’uranium 238.

Il y a donc deux mondes bien différents celui des risques de la radioactivité naturelle et celui de la radioactivité artificielle.


Les mesures de la radioactivité

Pour le minéralogiste amateur, il n’est pas nécessaire de comprendre les arcanes de la radioactivité. Mais il n’y a aucune raison pour demeurer passif. La principale démarche est d’évaluer la radioactivité et donc de disposer d’un appareil qui la mesure. Et ensuite de connaître la législation, faire des mesures et avoir une idée des risques. Il est assez effarant de constater le fort pourcentage de collectionneurs qui n’ont pas fait cette acquisition. Collectionneurs qui ne se privent pas cependant d’émettre leur avis sur la radioactivité.

Les mesures s’effectuent principalement en Becquerel (Bq) ou en Sievert (Sv).

Le Becquerel est le nombre de désintégration par seconde.

Le Sievert est une mesure de dose qui tient compte de l’impact (des effets biologiques) sur le corps humain ou sur un tissu biologique des différentes particules (alpha, bêta et gamma). Un Sievert correspond à une énergie transmise (en l’occurrence 1 Joule) dans un kilogramme de matière biologique. Le Joule est une unité d’énergie assez faible (il faut un peu plus de 4 Joule pour augmenter d’un degré la température d’un gramme d ‘eau). Le Sievert par contre est une unité forte compte tenu des dégâts engendrés par les radiations. Dans les cas qui nous intéressent, on parle plutôt de milliSievert (mSv) ou microSievert (μSv) soit respectivement mille fois moins et un million de fois moins qu’un Sievert. En conclusion, le sievert est la mesure de la radiotoxicité. La quantité de Sievert par Bequerel dépend de l’élément radioactif car les différents éléments radioactifs émettent des particules différentes en nature et en énergie.

Les risques liés à la radioactivité ont de deux ordres : l’exposition aux radiations et l’ingestion.


L’exposition : quelques valeurs

On fait dire à la radioactivité tout ce que l’on veut tant que l’on ne cite pas des chiffres. Connaître quelques chiffres est une démarche essentielle.

Donnons quelques valeurs : tout d’abord en Becquerel. L’eau douce naturelle dégage environ 0,0001 Bq/g, le corps humain environ 0,1Bq/g, le granite 1Bq/g et le minerai d’uranium (uraninite) de l’ordre de 10000 Bq/g. Cette dernière valeur est encore du domaine des faibles activités : comme on l’a vu, il y a dans le domaine de la radioactivité artificielle des corps 10 milliards de fois plus rayonnants. Dans l’environnement, on utilise plutôt les Becquerel par mètre cube (d’air). En France, les départements peu radioactifs ont moins de 10Bq/m3, la grande majorité moins de 100Bq/m3 et seuls 9 départements, les plus radioactifs, dépassent les 100Bq/m3.

On préfère souvent exprimer l’exposition, soit en débit de dose, en µSv/h typiquement, soit en dose annuelle en mSv/an typiquement. Si l’on considère qu’il y a 8760 heures/an, il faut être exposé en permanence à un débit de dose de 0,114 mSvt/h pour atteindre une dose de 1mSv/an. L’exposition naturelle annuelle commence vers 1 mSv pour les régions les moins radioactives, comme le Bassin Parisien, et atteint des records vers 50 mSv dans des régions du Brésil et d’Iran ou bien au Kerala (Inde). On estime que la dose annuelle moyenne mondiale se situe autour de 2,5 mSv.

Les régions qui ont les radioactivités record à 50 mSv/an ne présentent pas de pourcentage anormal de pathologies liées à la radioactivité. On estime que l’impact sur les statistiques de santé devient visible à partir de 100 mSv/an. A cette dose, selon l’Académie Américaine, 1 personne sur 100 développera un cancer à cause de l’irradiation. Pour 10 mSv/an, ce chiffre descend à 1 personne sur 1000. Sachant que 42 personnes sur 100 contracteront un cancer dû à d’autres causes. N’oublions pas cependant que nous ne sommes pas égaux devant les irradiations (et autres matières cancérigènes d’ailleurs).

La législation française donne les chiffres suivants (attention, la législation est susceptible d’évoluer et ces chiffres doivent être régulièrement vérifiés) :

  • les particuliers ne doivent pas recevoir plus de 1mSv de radioactivité supplémentaire liée à l’activité humaine (sauf traitements radiothérapeutiques).

  • Des mesures de radioprotection sont prises dès que le débit de dose est susceptible de dépasser 2,5μSv/h

  • Les professionnels ne doivent pas recevoir plus de 20 mv de radioactivité liée à l’activité humaine (sur des moyennes de 5 ans).

Un cas particulier de radioactivité est celui lié au radon dégagé lors de la désintégration de l’uranium. Le radon est un gaz, il est donc mobile. Il est une cause d’ingestion de matière radioactive. De plus il s’accumule dans des lieux particuliers (dans les caves par exemple) qui atteignent des niveaux de radioactivité de plus en plus élevés. Les appareils de dosage du radon mesurent les Becquerel par mètre cube. Pour les lieux ouverts au public, il faut aérer le local entre 400 et 1000 Bq/m3. Au delà des mesures plus vigoureuses s’imposent.


L’exposition par les minéraux

Les expositions liées à la collection des minéraux sont faibles. Mais la mesure des doses n’est pas simple. La principale difficulté est qu’il ne faut pas confondre activité par gramme de matière radioactive et exposition. L’exposition décroît rapidement avec la distance entre le minéral et le détecteur. Les particules alpha sont totalement absorbées par une feuille de papier ou 4 à 5 cm d’air. Les particules bêta sont arrêtes par une feuille d’aluminium et jusqu’à plusieurs mètres dans l’air. Les rayons gamma sont peu absorbés, 5 cm de plomb arrête 90% des rayons gamma de l’uranium, quelques dizaines de cm de béton sont aussi efficaces. Ceci étant un corps irradie dans toutes les directions et on démontre facilement que le débit de dose décroît vite : en inverse du carré de la distance (à peu près). Prenons par exemple un minéral à peu près rond, de 10 cm de dimension. Si l’on applique le détecteur sur la surface, il n’est pas rare d’atteindre 200μSv/h en rayons gamma (avec des records à 500μSv/h). A 10 cm de la surface (3 fois la distance, D, entre le centre de la pierre et la première position) on sera autour de 9 fois moins soit 22 μSv, à 1 m (19 fois D) autour de 0,55 μSv et à 2 m (39 fois D) autour de 0,1 μSv.

On conçoit que lorsque l’on manipule des minéraux, la main reçoit les doses les plus élevées. Heureusement la sensibilité à la radioactivité n’est pas la même selon les organes et la main (comme les muscles) est parmi les parties de notre corps les moins sensibles.


L’ingestion (ingestion et inhalation)

Pour le collectionneur, l’ingestion ou l’inhalation de matière radioactive est le principal risque. Il faut le prendre au sérieux. La matière ingérée ou inhalée est particulièrement dangereuse car les particules interagissent en totalité (rayons α et β) ou au maximum (rayons γ) avec la matière biologique. Il n’y a plus d’atténuation d’exposition avec la distance. De plus la matière ingérée va demeurée dans le corps et il y a des risques d’accumulation. Pour évaluer la durée de séjour de la matière dans le corps, on utilise le temps au bout duquel la moitié de la matière ingérée est éliminée. Cette durée est très variable, certains corps chimiques s’évacuent vite d’autres restent fixés : entre quelque dizaines de jour pour l’iode et de l’ordre de 100 ans pour le plutonium (qui est produit artificiellement).

La première cause d’inhalation est celle du gaz radon qui avec ses descendants (car le radon a une durée de vie courte de quelques jours) donnent une irradiation par rayons alpha particulièrement agressive pour les poumons pendant des décennies. Selon l’organisation mondiale de la santé (aide mémoire n°291, mise à jour d’octobre 2009), le radon serait, dans de nombreux pays, la deuxième cause de cancer du poumon après le tabagisme.

Une autre cause d’inhalation (et en plus d’ingestion) est due aux poussières générées par les minéraux. Elle s’effectue par le dépôt de poussière sur la main (que l’on porte à la bouche) ou bien par les poussières dispersées dans l’air lors de manipulations ou, pour l’ingestion, par le dépôt de poussière sur la main (que l’on porte à la bouche). L’uranium est le principal constituant des minéraux de collection radioactifs. La durée pendant laquelle la moitié de l’uranium ingéré est éliminé est de 3 ans pour la zone interne des os, 10 ans pour le foie et 20 ans pour la zone externe du rein (qui est l’organe le plus sensible par une ingestion).

L’impact d’une ingestion-inhalation se mesure avec le facteur de dose qui est exprimé en Sievert par Becquerel. Ce facteur diffère selon que l’élément est inhaler ou bien ingérer ainsi que d’autres paramètres  (les valeurs ci-après doivent être pris comme des ordres de grandeurs)

Pour l’uranium 238, on a 12400 Bq/g et un facteur de dose (pour l’ingestion) de 4,5x10-8 Sv/Bq (ce qui correspond à 22Bq pour 1μSv). On notera que le risque avec l’inhalation peut être plusieurs centaines de fois plus grand. Pour le radon, il y a 5,73x1015 Bq par gramme et de l’ordre de 2x10-7 Sv par Bq (soit 5 Bq pour 1μSv).


Les précautions à prendre

Le collectionneur ne court pas beaucoup de risques radiologiques : les spécimens de collection sont en général petits, ils sont conservés dans des lieux fermés (vitrines, tiroirs ou boites) et ils sont rarement manipulés. Ceci étant, il ne faut pas se voiler la face. Connaître les risques permet de les éviter ou du moins de les atténuer. Par principe, il est inutile de prendre des risques que l’on peut éviter, sans rien changer à sa passion de collectionner.

Plusieurs précautions doivent être prises par le collectionneur :

  • La première est de ne pas faire « profiter » les autres de sa passion. Le collectionneur doit s’assurer que sa collection est confinée, qu’elle ne se disperse pas, qu’elle ne contamine pas l’environnement (sa maison en premier, et autres ensuite) et qu’elle ne laissera pas de traces (s’il déménage par exemple).

  • La deuxième (qui pourrait être incluse dans la première) est de mettre au courant ses proches des risques, des doses émises et de la législation. On doit utiliser un étiquetage avec le logo en trèfle.

  • La troisième est de gérer le radon. On peut soit freiner sa propagation en conservant les minéraux dans des boites assez hermétiques (mais il y a accumulation) ou bien, à l’inverse, le disperser avec une aération adéquat (c’est ce qui est actuellement promu).

  • La quatrième est de stocker la collection dans un lieu assez éloigné afin que les doses soient acceptables (l’acceptabilité est variable selon que l’on se considère comme public (1mSv/an) ou « professionnel » (20 mSv/an)).

  • La cinquième est d’éviter les poussières. Les minéraux doivent être stabilisés et conservés dans de récipients fermés (ce qui n’interdit pas le stockage dans un lieu aéré pour disperser le radon). Il faut éviter les manipulations qui génèrent de la poussière : sciage, burinage et broyage

  • La sixième tient aux protections durant les manipulations (même celles qui ne sont pas censées faire de la poussière) : usage de vrais masques antipoussières, de gants et de tablier. Se laver les mains systématiquement.

  • Enfin la septième qui pourrait être la première est d’acquérir un appareil de mesure sérieux. Dès que les mesures apparaissent, on visualise les risques.


Conclusions générales

On l’aura compris, le principal risque des minéraux est lié aux poussières. Il est d’autant plus important si l’on entreprend des manipulations qui génèrent des poussières comme celles avec le burin, l’éclateur, la sableuse ou à la meule. Ces travaux se doivent d’être effectués dans des locaux adaptés, avec les précautions nécessaire (arrosage d’eau dans certains cas) et en portant un vrai masque antipoussière. Il faut systématiquement se laver les mains après avoir toucher des minéraux à risques.


Références

Delbecq D. (2013), Le casse-tête des faibles doses de radiations, La Recherche 478, p.56-59

Site de l’organisation mondiale de la santé : who.int

Nombreux sites sur internet : souvent pro ou antinucléaires.


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Disponible depuis la création de Géopolis en partenariat avec la MAIF, elle couvre les associations et adhérents pour leur manifestation ou sortie de terrain.

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Expositions

Géopolis conçoit et créé des expositions disponibles à la location en partenariat avec les plus grands chercheurs des domaines concernés en géologie, minéralogie,....

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