Cueilleurs de cristaux
Iwan BARTH
La dernière affaire en date, celle dite "des mines de l'Oisans", n'est qu'une des multiples conséquences de l'imbroglio législatif dénoncé par différents acteurs, amateurs ou professionnels, de la géologie. Au printemps 2005, d'importants effectifs de gendarmerie ont été mobilisés pour l'interpellation d'une dizaine de personnes. La collecte et le commerce de minéraux sont-ils illégaux ? Non pourtant.
La journée est rythmée par le fracas des éboulis provoqués au moindre pas. Pas un randonneur à l'horizon. L'Oisans se couche. Les deux cristalliers ont prospecté, en vain, dans le massif à la recherche de préhnite. Le minéral qui n'a rien d'exceptionnel à première vue. Seule sa rareté fait ici son intérêt. Nuit sous la tente à 2000 m d'altitude. Réveil au soleil levant. Une mer de nuage s'étend dans la vallée en contre bas. Les pierres roulent sous des pieds encore un peu engourdis. C'est parti pour une nouvelle journée de prospection, sans être sûr de rien : "Parfois, on passe des jours et des jours sur un "chantier" sans trouver un seul cristal à la fin." Mais a contrario, "une fois, après seulement deux jours de travail, on est tombé sur une poche à cristaux "mûre" : il n'y avait qu'à ramasser à la main les pièces détachées naturellement !" témoigne Greg. Pour une fois de beaux pétales de sidérite, des retours bredouilles pour bien d'autres. Mais pour l'instant, c'est le piolet qui gratte, les pieds, les mains et les yeux qui travaillent : en quête de filons minéralisés, de faille où se glisser, d'éboulis à inspecter et de tout ce qui peut constituer un indice sur la présence éventuelle de cristaux.
Histoires de prospection
Jumelles en mains, Sylvain inspecte la prochaine pente à explorer, pendant que Greg se plonge dans la carte géologique du massif. Ils ne partent jamais de rien. "Il y a toujours au départ soit une bibliographie, des discussions avec des collectionneurs, soit une recherche personnelle, l'étude des cartes géologiques… On ne part pas directement sur le terrain, sans avoir repéré des secteurs propices a priori". Une étape où des connaissances en géologie, doublées de notions en histoire locale s'avèrent précieuses, voir indispensables.
L'Oisans, bien que prospecté depuis des siècles, reste un terrain de choix. Son ancienneté, géologiquement parlant cette fois, explique sa richesse en minéraux variés : une vieille histoire de fluides à des températures différentes qui traversent la zone lors de multiples phases de formation. Quartz, axinite, épidote ou préhnite ainsi issus des profondeurs sont mis à jour au fil des millénaires par l'érosion. Les flancs de montagne, et notamment les plus érodés et donc instables, sont des terrains de prospections classiques.
Mais carrières, mines et différents lieux de travaux publics peuvent également être l'occasion de sauver in extremis des cristaux promis à destruction. Ce qui peut donner lieu à des prospections particulières. Récemment, Sylvain a ainsi passé plusieurs jours à suivre les travaux d'une station de ski de l'Isère. Repérage dans les gravats, surveillance jour après jour de l'avancée des bulldozers… Au quatrième jour, une poche à cristaux ne semble plus très loin. Dès la fin du ballet des engins de chantier, S. se met à jouer du marteau et du burin. Après des heures de sueur et de poussière, patience et efforts portent leurs fruits sous la forme de fantastiques pièces de quartz.
Déblayage et nettoyage
Après la trouvaille, l'extraction et la redescente des minéraux sont des moments délicats. "Le but c'est de dégager les cristaux intacts. Et si tu n'as pas d'expérience, dans certains cas, tu casses tout à coup sûr." Une fois la poche ouverte, le burin n'est plus de mise, ou alors avec parcimonie. "90% du temps, les poches sont remplies de glaise ou de débris de roche". Les tournevis, bouts de bois et parfois même les doigts, entrent alors en scène avec une infinie précaution et dans la quasi obscurité. "Un vrai travail d'archéologue" témoigne Sylvain en montrant ses mains zébrées d'entailles. Et même si la casse est inévitable, c'est la hantise du cristallier : briser une pièce que le hasard avait jusque là épargné. "Dans la redescente aussi, on peut perdre beaucoup si on est pas préparé, ajoute Greg. Souvent il faut porter des dizaines de kilos de roche pendant des heures sur le dos." Et les zones des cristalliers, il n'y a guère que des chamois pour s'y promener. Patience et persévérance.
En fin de journée, alors que les brins de génépis s'entassent au fond du sac faute de mieux, Sylvain déniche une poche à quartz inattendue. Quelques dizaine de mètres plus loin dans un autre couloir, une faille à préhnite s'ouvre enfin à eux. Les sourires réapparaissent. Les cristaux seront peut-être même prêts pour la bourse de Chamonix. A moins que la préhnite ne s'avère opaque et décevante…
Seul le nettoyage permettra au minéral de se révéler véritablement, comme au dernier stade de sa cristallisation. De la persévérance vous a-t-on dit. Le jet d'eau d'abord. "Ensuite, on a un mini-karcher pour bien aller entre les cristaux et pouvoir bien la "déglaizer". Puis viennent d'éventuels bains chimiques". Là non plus, pas d'improvisation avec le dythionite de sodium, l'acide chlorhydrique ou tout autre acide. Chacun a ses contre-indications. Certains cristaux ne supportent même pas l'eau.
Passion originelle
A l'origine de cette passion pour le moins dévorante, les études font parfois office de révélateur. Alors qu'il se dirigeait vers la biologie, une première année universitaire avec initiation aux "Sciences de la Terre" a poussé Sylvain à "aller voir un peu ce que raconte les cailloux". Les environs de Grenoble offraient un terrain propice aux découvertes. Pour d'autres, la passion est là depuis tout le temps. "Tout gamin déjà je cherchais des fossiles, raconte Greg. La géologie m'a toujours fait triper. La formation des montagnes, la présence de la mer avant, je me posais plein de questions…" Et il a suffit d'un quartz pour passer des fossiles aux minéraux. "Et la passion a augmenté avec l'âge !"
La beauté, le rêve, la chance sont autant de composantes primordiales de cette activité. Les termes de "prospection", "filon", "poche" n'évoquent-ils pas les chercheurs d'or des romans de Jack London ? "Il n'y a pas un seul cristallier, un seul minéralogiste amateur qui ne soit passionné. Impossible." Sylvain et Greg sont pourtant lucides. Ils évaluent qu'entre 5 et 10 % de leurs efforts portent leurs fruits. Et puis les massifs du coin sont prospectés depuis des siècles… Pour autant, ils avouent rêver de LA grosse découverte minéralogique. "La part de rêve est hyper importante dans cette activité. C'est un peu une chasse au trésor ce qu'on fait…"
Bourses, collections : quand les cristaux se montrent !
L'intérêt du public pour la minéralogie ne se dément pas. La profusion des expositions et bourses aux minéraux en témoigne. Des bourses de village à celles de dimension internationale comme Ste Marie-aux-Mines, plus de 250 bourses de ce type se sont déroulées en France en 2005. C'est, avec les prêts aux musés, une bonne occasion d'observer les spécimens des collections privées. Alors que de grosses pièces de plusieurs milliers d'euros enflamment la presse et l'imaginaire populaire, les prix dans les bourses tournent très souvent autour de quelques dizaines d'euros." Il n'y a pas de tradition d'élitisme dans les collections naturalistes en France. Ce sont plus des collections d'instituteurs, explique en amateur érudit F. Delporte. En terme monétaires, les minéraux sont bien moins important que les champignons ou les myrtilles ! Un quartz des Alpes c'est entre 3 et 30 € !" On peut distinguer deux types de collectionneurs que ces pièces intéressent. Le collectionneur "global" est intéressé avant tout par l'espèce minérale, ou le cristal en lui-même. Peu soucieux de l'origine, il n'hésitera pas à acquérir des pièces de l'étranger. Mais de plus en plus de collectionneurs s'intéressent à la provenance des minéraux. "Certains se rendent compte du manque de sens de disposer de pièces du Brésil, du Mexique, etc. Alors qu'avec une collection de cristaux de tel massif, ils connaissent la montagne, les endroits, ils savent par qui ça a été trouvé… ça leur parle plus" témoigne un cristallier.
Collecte de minéraux : vide ou trop plein réglementaire ?
Si les cristaux exposés font consensus et sont admirés de tous, l'activité de collecte prête elle à polémique. Ces dernières années l'incompréhension va croissante entre le monde judiciaire et celui de la minéralogie. Frédéric Delporte est l'un des experts les plus au point sur les aspects juridiques et sociaux de la minéralogie. Pour lui, "les textes ont été conçus pour des exploitations industrielles [de minerais]. C'est tellement évident à l'époque qu'aucun tonnage minimum n'est prévu. Il n'y a rien d'adapté à la collecte de minéraux !" . En effet, "Le volume exploité, et la valeur des découvertes restent minimes par rapport aux exploitations industrielles que sont les carrières et les mines, qui nécessitent des autorisations officielles très difficiles et coûteuses à obtenir". Ce "trop plein juridique", comme l'appel M. Delporte, ne laisse aucune place ni au "glanage des amateurs", ni à "l'artisanat des "pros" pour qui un régime de "micro-concession" paraît indispensable. Et les paradoxes se multiplient. Alors que les habitants de l'Oisans prospectaient les cristaux en vertu d'un "droit ancestral […] confirmé formellement au XVIème siècle", les cristalliers d'aujourd'hui sont assimilés par la presse locale à des trafiquants.
Extraction de cristaux de quartz d'un four en Oisans |
Cristaux de quartz venant d'être extrait d'un four à cristaux, Oisans |
Four à cristaux de quartz, Oisa |
Recherche de cristaux de quartz
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Exploitation d'un four à cristaux de quartz en Oisans |
Exploitation d'un four à cristaux de quartz en Oisans |
Four à cristaux de quartz en Oisans |
Cristaux de quartz fraîchement extraits d'un four en Oisans |
Four à cristaux de quartz, exploité au XVIIIème siècle |
Livres pour aller plus loin :
Roger Canac, "L'or des cristalliers", éditions Denöel - 1980, "Des cristaux et de hommes", édition Glénat - 1997
Pascal Entremont, "Chasseur de pierres", éditions Robert Laffont - 1992
Walter Schumann, "Collectionner minéraux, roches et fossiles" - éditions Bordas 1993
Revues spécialisées : "Le Règne Minéral", "Le Cristallier Suisse", "Minéraux et Fossiles"
Site web : www.geopolis-fr.com et www.geologie-info.com
Article paru dans "Alpes Magazine", avril 2006, et dans le catalogue de l'édition 2006 d'EURO MINERAL & EURO GEM - SAINTE-MARIE aux MINES, avec l'agrément de l'auteur.
Photos Pascal TOURNAIRE, Chamonix.
Nos remerciements à Jean-Pierre SIRET, Jean-Frank CHARLET et Dominique FERAY pour leur collaboration.
Notion de Patrimoine Géologique
Par Jean-Claude Boulliard, Directeur de la collection minéralogique de l'Université Pierre et Marie Curie - Paris VI
Résumé d'une intervention présentée lors d'un colloque en 1999.
I - Introduction
La deuxième moitié de notre siècle a vu l'émergence et le développement de l'écologie. Ce mouvement politique est à la mode et jouit d'un écho très favorable dans les médias. L'histoire de notre siècle nous a cependant appris qu'il faut se méfier des idées à la mode et de ces faux consensus qui résultent de la volonté militante de quelques-uns et de la passivité du plus grand nombre. Ce qui paraît bien fondé à une époque peut se révéler calamiteux plus tard. C'est pourquoi, il nous faut oublier les charmes des idéologies, exercer notre esprit critique, et revenir à ce qui doit être un débat objectif et démocratique.
II - Les premières interrogations
Pour entrer dans le coeur de mon propos je vais revenir sur le terme de patrimoine géologique qui est à la base d'une politique étendue de protection qui voudrait que l'on cesse d'exploiter certaines richesses du sous-sol de notre pays.
Le terme de patrimoine géologique est à la fois correct et dangereux. L'ambiguïté tient à la fois à la notion de patrimoine en elle-même et au sens et à la portée que l'on donne à l'adjectif géologique.
En ce qui concerne le patrimoine, une définition au sens large et non restrictive, peut être la suivante :
"le patrimoine est l'ensemble des biens qu'une personne ou un groupe décide de transmettre aux générations futures".
On voit apparaître dans cette définition la notion de groupe et le fait que le patrimoine des uns peut ne pas être celui des autres. De plus, suivant le groupe, le patrimoine a une extension variée : on peut parler de patrimoine familial, régional, national ou mondial.
L'utilisation de l'adjectif géologique, quant à lui, est doublement ambiguë. La première ambiguïté réside dans le fait qu'il y a systématiquement une confusion entre les sciences de la terre et la géologie. L'autre ambiguïté tient au coté scientifique qu'englobe ce terme. Il laisse à penser qu'il y a toujours des motivations scientifiques.
Pour mettre un peu d'ordre dans la notion de patrimoine géologique il faut reprendre point par point les différentes interrogations qu'elle implique, à savoir : Qu'est-ce qu'un patrimoine géologique ? Qui réclame un patrimoine ? Pourquoi conserver un patrimoine ?
Comment gérer un patrimoine? On pourrait trouver d'autres questions, mais vu le temps qui n'est imparti je vais développer quelques éléments de réflexions sur les questions évoquées.
III - Qu'est-ce qu'un patrimoine géologique ?
III - A - Le patrimoine géologique et les sciences de la terre
La géologie dans son sens premier à pour objet (je cite la définition du petit Larousse) : "l'étude des matériaux composant le globe, de leur nature, de leur situation et des causes qui ont déterminé cette situation". La spécificité de la géologie est la connaissance de l'histoire de la terre. Le géologue s'intéresse surtout aux structures et aux ensembles de terrains en place aussi complets que possible (comme les stratotypes). Son patrimoine sera donc lié à ces structures.
Depuis longtemps d'autres disciplines dépendant initialement de la géologie se sont développées. Elles ont acquis une large indépendance et leur rattachement à la géologie n'a plus de sens. D'ailleurs, on ne parle plus de géologie mais plutôt de sciences de la terre voire de sciences de l'univers. Parmi ces disciplines il y a la paléontologie et la minéralogie. Leur autonomie implique une définition différente du patrimoine pour chacune d'elles. Le patrimoine du paléontologue ou du minéralogiste est moins dépendant des gisements complets en place. Par contre il dépend beaucoup plus des objets récoltés et conservés dans les collections.
III - B- Le patrimoine géologique et la science
Un point important concerne le sens que l'on donne à l'activité scientifique. En effet la science comprend deux pôles : d'une part la culture scientifique et d'autre part la recherche. La culture scientifique est plutôt le domaine de l'enseignant, du pédagogue ou de l'amateur. La recherche est du domaine du scientifique tel que le sens commun l'entend. Son travail est par définition la production de connaissances, il ne s'engage que dans ce qui est susceptible de donner des découvertes. Placer devant un terrain qui peut recéler des découvertes, le paléontologue ou le minéralogiste entreprendra une exploitation.
La seule protection qu'il peut demander est celle qui a pour objet d'assurer l'intégrité du gisement entre deux campagnes de recherches. Il faut pour qu'une telle protection soit justifiée que le gisement soit particulièrement riche car le chercheur n'est ni un mineur ni un carrier, il ne peut pas être continuellement sur le terrain. Il est souvent redevable d'une exploitation intensive industrielle ou d'une exploitation par des prospecteurs professionnels ou amateurs.
Présenter les objets minéraux ou fossiles comme des objets scientifiques est une erreur car, par exemple, le premier tyrannosaure fut un objet scientifique, mais le douzième exemplaire ne l'est plus. C'est un objet culturel ou pédagogique, mais non plus scientifique.
III - C - Le patrimoine actif et le patrimoine passif
Pourquoi alors, l'exploitation des gisements a-t-elle une si mauvaise presse ? L'argument principal, souvent cité, pour justifier une protection est que : "une fois récolté, un objet géologique ne se renouvelle pas". C'est bien sûr vrai, mais c'est aussi insidieux parce que une fois récolté, ce même objet ne disparaît pas forcement. Il peut entrer dans une collection privée ou publique. Cette mise en collection est aussi une mise en patrimoine importante et satisfaisante.
L'histoire des collections montre les taux de perte et de destruction sont faibles. À l'heure actuelle beaucoup de gisements sont épuisés, fermés ou d'accès dangereux et les scientifiques vont chercher leurs échantillons d'étude dans les collections. Les gisements se faisant de plus en plus rares ou les mines fermant, les scientifiques vont de plus en plus chercher le matériel dans les collections existantes. C'est un fait reconnu que tout intéressé à plus de chances de voir quelque chose de valable en visitant une collection qu'en allant sur le terrain. Le scientifique est donc redevable au prospecteur professionnel ou amateur. On voit ici qu'il y a deux termes dans le patrimoine des sciences de la terre. Ils peuvent être désignés comme le patrimoine actif d'une part et le patrimoine passif d'autre part.
Le patrimoine actif désigne les lieux où les objets des sciences de la terre sont accessibles soit au public, soit à un groupe spécialisé. Il s'agit pour l'essentiel des collections publiques et privées ainsi que des gisements faisant l'objet d'une exploitation scientifique ou autre.
Le patrimoine passif désigne les gisements reconnus et devenus inexploitables soit parce qu'ils ont été fermés et comblés soit parce qu'ils sont sous le coup d'une mesure de protection. Parfois un affleurement peut y être observé. Dans ce cas les intempéries et la végétation ont vite fait de l'altérer et de diminuer son intérêt.
On aboutit à une situation un peu absurde : on protège un affleurement de mauvaise qualité au détriment d'une exploitation qui pourrait permettre des découvertes. Il ne faut pas oublier que l'immense majorité des gisements ne doivent leur notoriété que parce qu'ils ont été exploités intensément. C'est le cas de presque tous les gisements minéralogiques filoniens.
IV- Qui est demandeur de patrimoine dit "géologique" et qui l'utilise ?
Après avoir abordé le coté scientifique, examinons maintenant la question suivante à savoir : "Qui demande la protection d'un lieu pour des motifs "géologiques" ?
Si l'on examine les textes disponibles, les demandeurs de patrimoine se répartiraient selon l'ordre suivant : les scientifiques (sous-entendu les chercheurs), les enseignants, les associations, le tourisme, le voisinage et enfin le politique. Dans les faits, il faut réviser cette classification. On aboutit le plus souvent à une répartition où les associations, le politique et le voisinage ont un rôle prépondérant et où les motivations touristiques l'emportent largement sur les motivations pédagogiques ou scientifiques.
V - Pourquoi conserver un patrimoine dit "géologique" ?
Il ne faut pas se voiler la face et utiliser de faux arguments. La protection d'une structure géologique ou d'un gisement ne relève que rarement de motifs scientifiques. Elle est plutôt un changement d'exploitation : à l'exploitation artisanale ou industrielle des richesses du sous-sol, on préfère une exploitation touristique et culturelle. Pour s'en convaincre imaginons le tollé si l'on interdisait aux touristes et aux enseignants, l'accès aux sites protégés.
À ce stade, on s'aperçoit que ce que l'on appelle le patrimoine géologique consiste surtout en quelques structures remarquables, à caractère touristique, culturel et pédagogique. C'est aussi un patrimoine passif bien souvent éloigné de la recherche scientifique. Il est, tant par son objet, ses objectifs et son mode de gestion, très éloigné d'autres patrimoines, que certains voudraient y voir figurer, comme ceux de la minéralogie et de la paléontologie.
VI - Comment faire fonctionner un patrimoine ?
Conserver un patrimoine c'est bien, le faire croître et fructifier c'est mieux. Vouloir augmenter le patrimoine géologique peut se comprendre et n'est pas critiquable en soi. Le problème est que l'extension de ces protections porte un préjudice considérable aux patrimoines minéralogiques et paléontologiques. Or, pour ces derniers, la principale source de croissance se trouve dans l'accroissement des collections publiques et privées et par conséquent dans l'exploitation des gisements. Tout collectionneur est un acteur de l'enrichissement du patrimoine. Tout entreprise d'exploitation du monde souterrain y participe aussi.
Ces dernières décennies, l'apparition d'un nombre croissant de collectionneurs en minéralogie et paléontologie a permis le développement d'un marché très actif. Grâce à ce marché, des gisements ont pu être exploités, des commerçants ont pu aller s'approvisionner dans des pays de plus en plus lointains. Si l'on prend l'exemple des collections de minéralogie, ces trente dernières années ont produit un nombre considérable de spécimens d'une qualité jusqu'à là inégalée. De nombreux échantillons anciens ont été déclassés par les découvertes récentes.
Si je devais établir une estimation, je serais enclin à dire que cette période a donné 70% des échantillons minéralogiques connus de haut niveau. Si les collections de minéralogie publiques n'avaient pas privilégié les acquisitions, si notre pays n'avait pas un nombre conséquent de collectionneurs motivés, le patrimoine minéralogique français aurait eu un retard impossible à rattraper.
La mise en protection des gisements s'oppose à cet enrichissement. Elle est de plus paradoxale en ce sens que les exploitations minières et carrières de notre pays ferment d'elles-même les unes après les autres. Les lois de protection sur l'environnement obligent leur comblement alors qu'ils devraient bénéficier d'une politique qui favorise leur exploitation.
Une telle politique permettrait d'enrichir ce qui constitue la partie la plus visible et la plus importante du patrimoine minéralogique et paléontologique, à savoir les collections publiques et privées.
La limite crétacé/tertiaire (KT) et l'extinction des dinosaures |
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Par André Holbecq |
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CATASTROPHES EN CHAINE POUR LE CATASTROPHISME... L'hypothèse de l'extinction de masse des dinosaures et autres semble être la thèse adoptée par la majorité. Cependant il reste quelques " irréductibles " (c'est ainsi que l'on nous considère) qui pensent que ce n'est pas aussi simple. Vous permettrez donc à l'irréductible gaulois Professeurix de soulever quelques " détails " et de semer quelques grains de sable qui empêcheront certainement les engrenages du catastrophisme de tourner rond, et à nombre d'entre vous de cogiter. Première précaution, selon Louis de Bonis : "il ne faut pas confondre extinction de masse et extinction catastrophique." Avant tout il me plaît de rappeler quelques très sages conseils émanant du paléontologue Léonard Ginsburg du MNHN de Paris qui écrit : "Pour qu'une hypothèse soit crédible, il faut respecter les instructions suivantes : - elle doit être bien étayée, donc basée sur des faits, - elle doit être rigoureuse donc logique et sans hiatus, - elle ne doit pas être en contradiction avec des faits établis, - elle doit être féconde : plus elle explique de faits et plus sa valeur est générale, plus elle a de chances d'être exacte." Et bien voici quelques "détails" et quelques "hiatus", dont un seul de la liste suffit à faire capoter et s'effondrer une belle théorie pourtant reconnue et enseignée actuellement. Il est très étonnant que tous ces hiatus ne figurent jamais dans les manuels, or cela serait source de cogitation bénéfique pour le fonctionnement d'un cerveau de scientifique. 1°/ LES GROS ANIMAUX NE PASSENT PAS LA LIMITE KT ? FAUX ! On a pu lire sous la plume du paléontologue Eric Buffetaut dans La Recherche, en décembre 1996, dans un article intitulé "La fin des dinosaures", "tous les gros animaux disparaissent" (page 65). Plus précisément, "pour survivre à la crise K/T mieux valait ne pas peser plus de 25kg." et quelques lignes plus loin : "aucun animal de plus de 25kg ne semble d'ailleurs avoir survécu à la crise." Or il élude la belle et longue survivance des Diapsidés Choristodera comme les Champsosaures longs de 2 à 3 mètres et donc dépassant les 25kg, ainsi que des Simoedosaures, les premiers au Montana, Alberta et Nouveau Mexique, les seconds en Europe (France et Belgique). Ils perdurent jusqu'à l'éocène inférieur soit de -95 à -34 millions d'années ! Voici donc déjà deux belles exceptions. Les champsosaures sont en plus en première ligne pour le " casse-pipe " puisque, encore plus près du point d'impact (le Yucatan). 2°/ LES ACTINOPTERYGIENS DU LIBAN : UN DETAIL DE PLUS Ces "poissons" osseux, comme on disait jadis, datant de la fin du Mésozoïque (et non plus du "secondaire" : terme dépassé non international et encore trop usité en France), ne montrent aucun signe particulier marquant une crise majeure biologique à la fin du Crétacé Supérieur. Ceci selon Tristan Turlan dans la revue Minéraux & Fossiles N°304 de Mars 2002 page 9. 3°/ LES INSECTES ET PLANTES INFEODEES : CONTRADICTION AVEC DES FAITS ETABLIS Selon un spécialiste de l'ambre du Liban, Dany Azar du MNHN de Paris, chez les familles des Psychodidae et des Phlemotomidae, on passe la crise C/T sans problème puisqu'on retrouve ces mêmes familles des millions d'années plus tard (les récentes découvertes de l'ambre de l'Oise en sont la preuve), avec les mêmes plantes auxquelles ils sont inféodés. Je cite ce chercheur : " les familles psychodidae, phlebomotidae, ont passé la crise et tous les phyllums d'insectes pollinisateurs présents au Crétacé supérieur ( apparus au Crétacé inférieur et diversifiés au Crétacé supérieur) ont passé la crise sans aucune modification. " Ce serait donc un double " miracle " paléontologique, mais en désaccord complet avec le principe fondamental qui veut que lorsqu'une espèce disparaît elle ne réapparaisse jamais ! Il y a donc ici une contradiction avec des faits établis ! La seule façon raisonnable d'interpréter cela c'est bien de considérer comme locales et non mondiales les conséquences de l'impact de Chicxulub ! A ce propos, Jeanne Llabres dans Société le Web de l'humanité du 31 Mars 1998, utilisant la découverte de l'ambre (âgé de 54 ma) à insectes de la sablière Redland, surenchérit en écrivant : "cet ambre suit de 10ma la limite C/T " ; ce à quoi le paléontologue paléoenthomologiste André Nel (du MNHN de Paris) ajoute : " or dix millions d'années ne suffisent pas pour recréer des formes complexes d'insectes. Cela signifie que ces insectes n'ont pas été affectés par cette crise. " Il ajoute aussi : " si un météorite de grosse taille est tombé sur terre à cette période cela ne signifie pas qu'il ait provoqué un hiver nucléaire et des incendies généralisés, comme on l'a dit pendant la présidence de Regan, pour justifier l'installation de porte missiles. Cette hypothèse est difficilement compatible avec la présence d'insectes inféodés aux plantes dont ils se nourrissent… un tel phénomène, s'il a pu, conjugué avec d'autres facteurs, faire disparaître les dinosaures, fut peut-être moins lourd de conséquences que les agressions que nous faisons subir aujourd'hui à l'environnement, à l'origine de la disparition de nombreuses espèces. " Faut-il le rappeler ? Une toutes les 15 minutes !!! On peut lire ces déclarations et bien d'autres encore dans "Les âges de la terre" publication éditée par le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris. 4°/ MEME LES VEGETAUX DEMENTENT LA CATASTROPHE KT (en 3 preuves indépendantes) Dans cette excellente publication, on peut aussi y trouver les déclarations du paléobotaniste Jean Dejax qui écrit : "les déductions liées au pic de fougères relevées à ce passage au cours d'analyses palynologiques menées dans l'ouest des USA étayant une hypothèse d'extinction de masse, ne paraissent pas concluantes." il dit aussi : "le passage du Crétacé au tertiaire ne se manifesta par aucune modification notable de la composition de la flore. Le passage Crétacé-Tertiaire n'est marqué par aucun seuil. L'évolution végétale demeure continue du Crétacé supérieur au Paléocène et au passage Crétacé-Tertiaire les archives paléobotaniques n'enregistrent aucun changement signifiant un quelconque bouleversement écologique." Le pic des fougères constaté aux USA et en Nouvelle Zélande ne l'a pas été partout ailleurs dans le monde ! Et cela on oublie de le signaler ! Encore un oubli fâcheux. Encore mieux : à Castle Rock dans le Colorado, dans un site âgé de 64 ma, soit seulement 1 million d'années après KT, on a trouvé des fossiles d'une centaine d'espèces végétales (essentiellement dicotylédones) ; comment expliquer un si grande diversité de plantes en si peu de temps après la grande "razzia" ? Ceci alors que les paléontologues estiment à 10 millions d'années le temps nécessaire pour repartir de "rien", ou presque, à une telle diversité ! (Kirk Johnson et Beth Elis du Musée de la Nature et des Sciences de Denver- article dans Science et Avenir Août 2002). Claire Belcher de Royal Holoway University de Londres, a recherché la présence de charbon de bois, qui n'auraient pas manqué de se former dans le cas des prétendus grands incendies mondiaux. Du Nouveau Mexique à l'Ouest du Canada, dans huit sites correspondant à cette époque : il n'y en a presque pas. Par contre beaucoup de restes végétaux non carbonisés. Même au plus près de l'astroblème du Yukatan, à 2000 km du site d'impact : rien ! 5°/ LES DECOUVERTES DE GERTA KELLER Gerta Keller de Princeton University (voir La Recherche d'octobre 2004 N°379). Elle démontre la lenteur des dépôts en réétudiant le forage de Yaxcopoil qui témoigne d'un milieu calme et un très long temps de sédimentation ; elle réfute le tsunami qui aurait suivi l'impact. Elle démontre un double impact , le premier (celui de Chicxulub 300 000 ans avant KT) n'ayant pas été la cause du dépôt d'iridium. 6°/ LES PLUIES ACIDES ET LES GRENOUILLES David Archibald de l'université de San Diego rappelle que les amphibiens respirent et boivent par la peau ; évidemment d'importantes pluies acides auraient exterminé les batraciens. Mais il n'en est rien ! Peut être que les grenouilles de l'époque disposaient de parapluies ? ça ne fait pas sérieux comme hypothèse. 7°/ L'HIVER "NUCLEAIRE" ? Amphibiens, crocodiles et tortues n'auraient pas supporté une longue chute des températures. Or on sait qu'à un degrés près, chez les crocodiles et les tortues on n'obtient que des mâles ou que des femelles. Vous voyez le problème ? De toute façon les dinosaures comme Laellinasaura amicagraphica vivaient bien dans le froid car à cette époque le sud de l'Australie était sous le cercle polaire antarctique. Ce n'est donc pas le froid qui a exterminé les dinos. 8°/ LES GRENOUILLES TROMOPTERNA D'INDE On n'en parle jamais ! Cela doit être probablement extrêmement dérangeant notamment pour l'hypothèse de Courtillot. En effet cet autre catastrophistes incrimine les longues éruptions des trapps du Deccan en Inde. Mais on oublie la récente découverte de deux chercheurs belges (F.Bossuyt & M.Milankowitch de l'université libre de Bruxelles, et les revues Science et Vie de septembre 2001 et Pour la Science d'août 2001) et de leur thèse "out of India". Pendant une dérive de 75 millions d'années, temps qu'il a fallu au radeau de l'Inde quitter l'Afrique et pour traverser l'Océan Indien puis entrer en collision avec l'Asie, les grenouilles Ranidae du genre Tromopterna ont survécu aux trapps du Deccan, tellement bien qu'elles ont radié ensuite en Asie vers 55 Ma, et même en Europe vers 30Ma. Phénoménal cette découverte ! Même une activité longue et énorme d'un point chaud volcanique n'a pas pu en venir à bout de ces très fragiles batraciens dont la peau est si sensible à toutes formes de pollution ! 2 MILLIONS de Km3 de basalte sur 500 000 km2 pendant 500 000 ans, avec une hausse de la température moyenne de +8°C, et cela localement, pas à des milliers de kilomètres, n'auront pas suffi pour exterminer nos fragiles batraciens ! Alors pensez donc bien à la prétendue influence de ce qui s'est passé à l'autre bout du monde au Mexique, alors que sur place : rien ! Plouf ! Encore un beau pavé dans la mare. Dans "Pour la Science" on peut aussi lire : "si la biodiversité des Ranidae a été préservée sur la plaque continentale de l'Inde lors de sa traversée d'Afrique vers l'Inde, alors des centaines d'autres espèces appartenant à divers groupes d'animaux notamment des mammifères, ont vraisemblablement survécu de la même façon, avant de débarquer sur le continent de l'Eurasie." Je comprends que les catastrophistes évitent d'en parler, c'est évident. Ce n'est plus un grain de sable dans les rouages, c'est une pluie de pavés dans la mare ! Une vraie catastrophe pour le catastrophisme ! 9°/ DES FAITS ETABLIS... On sait avec certitude que 10 000 000 d'années avant la fin des dinosaures, leur milieu naturel commence à disparaître. 10 à 3 ma avant KT : on observe le déclin des dinosaures : -40% (cf Archibald). Ils sont donc devenus très vulnérables entre 1 à 3 Ma av KT, et ils sont prêts à disparaître. C'est ce qu'on appelle selon Philippe Taquet : "un stress écologique". Suite à la régression marine fin crétacé on assiste à une continentalisation avec des saisons plus marquées qui ne conviennent plus aux dinosaures. Je rends hommage à ce propos au Professeur Pinna qui dès 1985, traduit par le professeur Jacques Blot (éminent paléoichtyologue du MNHN de Paris) affirmait dans le livre "Les fossiles, les découvrir et les reconnaître", envers et contre tous qu'il s'agissait d'un stress écologique dû à une réduction drastique des mers, avec apparition d'un milieu terrestre instable peu propice avec les conditions de vie antérieure qu'avaient connues les dinosaures. 10°/ D'AUTRES AUSSI S'ETEIGNENT SANS L'OMBRE D'UN CATACLYSME A 6Ma av KT : 20 espèces, puis à 3Ma av KT : 15 espèces, puis à 1 ma av KT : moins de 10 espèces d'ammonites, les ammonites s'éteignent donc sur des millions d'années, processus constatés aussi chez les "poissons", les reptiles, les mammifères. Les ichtyosaures ont disparu bien avant la limite KT, ils ne l'ont pas " attendue " ! Et bien des dinosaures du Trias ou du Jurassique avaient disparu pour faire de la place aux suivants, sans avoir besoin de catastrophe. 11°/ DES CATACLYSMES SANS CONSEQUENCES BIOLOGIQUES ? Aucun des astroblèmes : Manicouagan, Popigai, Woodleigh, Chicxulub ou Chesapeake n'est associé à une extinction, selon G.Keller. Elle a aussi démontré n'en déplaise à ses contradicteurs, qui ne savent pas faire la différence entre du plancton et un cristal de dolomite ou qui confondent une smectite avec une glauconite (on ne me fera pas avaler qu'avec une analyse par diffraction aux RX on puisse confondre), qu'il y a eu un deuxième impact 300 000 ans après celui de Chicxulub et que les dinosaures ont encore vécu 300 000 ans après Chicxulub. Et c'est ce deuxième impact qui laisse le fameux dépôt d'iridium. De plus, les organismes planctoniques fossiles ne peuvent pas être confondus avec des cristaux de dolomite, il n'y a qu'à comparer les photos : pas de doute possible (voir les détails dans la Recherche N°379 octobre 2004 et dans une émission de TV "La disparition des dinosaures" passée sur la 5ème chaîne, réalisée par la BBC). Cependant la conjonction des chutes météoritiques, du volcanisme a quand même eu pour effet un réchauffement de la planète avec jusqu'à + 4°C dans les eaux océaniques d'où une réduction des niches écologiques et une compétition accrue. En conclusion : Après cette bonne douzaine d'arguments "massue", il est étonnant que même G. Keller ne semble pas douter du coup de grâce définitif du deuxième impact météoritique dont on n'a toujours pas retrouvé l'astroblème et accorde une importance peut être surestimée bien que concourante. Il me semble plus sage de se rallier au point de vue de Philippe Janvier (Directeur de recherches au CNRS MNHN) qui remarque que " les biais taxinomiques " (genres ou familles) utilisés par les paléontologues pour décompter les dinos "les conduisent généralement à surévaluer l'ampleur des extinctions." Il remarque aussi que les oiseaux déjà présents et qui sont eux-mêmes des dinosaures théropodes à plumes ont survécu ainsi que tous les grand groupes actuels qui étaient déjà là. Donc, dit-il : "on imagine difficilement qu'un événement aussi ponctuel touche de la même manière la totalité de la planète et extermine instantanément toutes les espèces d'un groupe à répartition mondiale. Un impact de la taille du cratère de Chicxulub a certainement eu des conséquences importantes immédiates en Amérique du Nord, mais a-t-il vraiment bouleversé la vie en Mongolie, ou en Australie, à ce moment là ?" De plus : "aucun de ces modèles n'explique avec des arguments biologiques solides, pourquoi certains groupes d'espèces ont disparu, tandis que d'autres ont perduré, notamment des organismes aussi sensibles que les insectes et les plantes à fleurs." Enfin, et pour témoigner que tous les dinosaures n'ont pas vraiment disparu, sachez qu'il reste encore seulement quelques 300 milliards de descendants des théropodes (pas mal pour des disparus, non ?)... Je citerai quelques mots du paléontologue Bob Bakker, dans son livre "Le ptérodactyle rose :
"Quand vous verrez passer un vol d'oies du Canada, dites-vous : les dinosaures migrent." "N'oubliez pas en regardant votre canari qu'il y a en lui en parcelle de T. Rex." |