Editorial :
Le moment nous a paru favorable pour lancer ce numéro de “Géologues” sur Terroirs, vigne et vins : quel rôle pour la géologie ? Certes, des précédents existaient et notamment l’ouvrage "Terroirs et vins de France" sous la direction du regretté Charles Pomerol, dont la 3ème édition est sortie en 1990 et qui a fait l’objet d’une édition anglaise "The Wines and Winelands of France. Geological Journeys". La simple comparaison du titre français et de la traduction anglaise souligne d’ailleurs l’ambiguïté du terme "Terroir", pour lequel la traduction anglaise a préféré parler d’excursions géologiques.
Cette ambiguïté devrait être levée par la définition internationale, adoptée en2010, qui, pour parler du terroir, intègre à la fois les composantes du milieu naturel (sol, sous-sol, climat, relief…), la vigne et la pratique (retour d’expérience) des vignerons. Cette définition va dans le sens d’un rapprochement entre les partisans du seul milieu naturel et les adeptes de la dominance du travail viticole. C’est d’ailleurs avec cette vision du terroir que l’ensemble du numéro a été construit. Montrer que dans la variété des contextes viticoles, cette synergie a fait ses preuves, tant au niveau des délimitations administratives que de l’évaluation du potentiel des terroirs eux-mêmes et de la typicité des vins.
Si la définition du terroir semble aujourd’hui faire consensus, ce n’est pas le cas pour sa promotion, si l’on en juge par l’abondance des routes du vin plus orientées vers un circuit de caves que vers une explication des terroirs dans leurs différentes facettes, ou par les expositions muséales sur la vigne et le vin où la composante terroirs est majoritairement absente ou très modestement évoquée. Cette situation offre heureusement quelques exceptions notables comme la route des vins d’Alsace et les dizaines de sentiers viticoles qui l’accompagnent ou certaines présentations muséales comme Planète Bordeaux près de Libourne ou l’Écomusée du Libournais à Montagne-St-Émilion, ces trois exemples faisant l’objet d’articles dans ce numéro. On ne peut que souhaiter que le virage sur la vision intégrée du terroir soit pris et que tous les musées et expositions ne se limitent plus, comme c’est majoritairement le cas aujourd’hui, aux outils de la viticulture, aux techniques vinicoles, aux métiers annexes (tonnellerie et autres), voire à la vie des vignerons. Souhaitons que le nouveau projet de Centre culturel et touristique du Vin à Bordeaux, prévu pour voir le jour d’ici quelques années, mette bien en valeur cet équilibre.
Il ne s’agit pas là d’un simple caprice de scénographie muséale, mais bien d’une pédagogie générale en direction de la société à qui on peut offrir non seulement les subtilités de la dégustation, mais également la complexité des composantes naturelles et humaines qui interviennent dans la définition des terroirs. C’est d’ailleurs bien dans cet esprit que nous vous proposons ces regards sur différents vignobles répartis sur l’ensemble du territoire national en soulignant la place de la géologie au sein des différentes composantes des terroirs correspondants. Sans oublier les excès possibles comme dans l’histoire du Kimméridgien et du Chablis.
Nous souhaitons remercier ici tous les spécialistes, géologues, géographes, historiens, biologistes, ingénieurs viticoles…, une diversité qui, s’il en était besoin, confirme une convergence de vision globale du terroir, qui ont bien voulu apporter leur pierre à ce numéro et contribuer ainsi à promouvoir cette vision pluridisciplinaire du terroir, base de compréhension nécessaire pour une large appropriation par la société. Cliquer ici pour commander ce numéro
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La revue Géologues à parution trimestrielle est éditée par l'Union Française des Géologues (UFG), avec plus de 150 numéros publiés depuis sa création. C'est une revue professionnelle française qui couvre un large éventail de sujets en sciences de la Terre en relation avec l'actualité la plus récente dans ce domaine, et présentés sous forme de numéros thématiques (risques naturels, géotechnique, patrimoine... et, plus récemment, énergie, développement durable, déchets radioactifs) ou régionaux (Europe, France métropolitaine et Dom-Tom). Cette publication composée d'articles de synthèse, d'interview et de notes de lecture s’adresse à un large public: professionnels, chercheurs, enseignants, décideurs et particuliers intéressés par cette actualité spécialisée.
La revue Géologues est disponible en vente au numéro et aussi sous la forme d'un abonnement annuel ouvert aux particuliers, entreprises, administrations. Le bulletin d'abonnement est disponible ici : cliquer ici
Nature’s Garden of Crystals
Auteurs : Une vingtaine d’auteurs (voir contenu)
Edition : Vandall T. King, Newryqs Press, Rochester, New York (2011)
Nombre de pages : 424 pages
Format : 28,5x22cm
Langue : En anglais (d’Amérique)
Prix conseillé : 34,95 USD (soit environ 26 € en début 2011)
Disponibilité : dans les grandes bourses, sur les catalogues des revues spécialisées.
Contenu:
Après une page d’introduction par Van King :
The Keith and Mauna Proctor Family Trust Collection by Keith Proctor and Mauna Proctor (environ 218 pages en deux parties).
The Legacy Continues (l’héritage continue) by Brice and Christophe Gobin (14 pages).
Thirty-five years of refining (35 ans d’amélioration) by Mario Pauwels (12 pages).
Paradise Woods (6 pages).
Elmwood Mine Minerals by Steve Neely (22 pages).
Gold Fever (la fièvre de l’or) by Wayne and Dona Leicht (20 pages).
Minerals of the Scot Rudolph Collection by Scott Rudolph (34 pages).
Polychrom Minerals by Laurent Thomas (10 pages).
Minerals as Work of Art (les minéraux comme œuvres d’art) by Stuart Wilensky and Donna Wilensky (12 pages).
Becoming a Mineral Collector and a Lifelong Love of Photography (devenir un collectionneur de minéraux et l’amour d’une vie pour la photographie) by Matteo Chinellato (18 pages).
Treasured Minerals by Russ Behnke (20 pages).
Growing up with Minerals (grandir avec les minéraux) by Val Collins and Jef Collins (14 pages).
Haggendorf, My Love by Stephan Wolfsried (24 pages).
Commentaires :
Ouvrage à la conception pour le moins originale. Van King a proposé à des commerçants, des collectionneurs-commerçants et à certains collectionneurs de publier des minéraux de leur collection ou des minéraux qu’ils ont eu un temps en leur possession ainsi que les textes qu’ils désiraient. Seule contrainte : payer pour chaque page que l’on voulait voir publiée. L’ouvrage se veut « a photographic album of the « flowers » of the Mineral Kingdom » (un album photographique des « fleurs » du royaume minéral). Il est, par conséquent, très abondamment illustré (hors les pages de textes, marginales, il y a entre 1 et 6 photos par page).
Il y a 15 ans à peine, les encyclopédies et les beaux livres généralistes occupaient l’essentiel du champ éditorial en minéralogie de collection et d’agrément. Les informations sur les collections publiques étaient rares et les collections privées n’avaient que très rarement voix au chapitre. Ces toutes dernières années, les publications sur des collections privées se sont multipliées et paraissent même pulluler ces derniers temps. On ne peut que s’en réjouir, et regretter à l’occasion que les ouvrages sur les collections publiques restent toujours aussi rares (le « remarquable » ouvrage sur les « minéraux remarquables » de l’UPMC-La Sorbonne au campus Jussieu reste une exception qui mérite d’être rappelée).
L’ouvrage proposé par Vandal King marque une nouvelle étape dans cette évolution dans la mesure où il était ouvert à toute personne pouvant prétendre présenter des minéraux en accord avec la présentation écrite en quatrième de couverture : « Featuring some of the finest minerals specimens in the world selected from the internationally great personal mineral collections of our time » (« ouvrage » présentant plusieurs des meilleurs minéraux du monde choisis dans les grandes collections privées de notre époque »).
L’ouvrage est imprimé sur du papier de faible grammage qui fait penser aux catalogues de vente par correspondance. La maquette est sommaire : fond noir, textes blancs et photos de styles variés disposées souvent les unes à la suite des autres. La volonté qui paraît avoir primé est de présenter le plus grand nombre de spécimens et d’emplir le plus possible chaque page (les marges sont minuscules !). Ces options se justifient lorsque l’on voit l’excellent rapport qualité/prix.
Ces détails techniques et stratégiques évoqués, parlons du contenu. La première constatation est que les différents signataires ont voulu exprimer leur passion, présenter leurs activités, faire leur publicité et, pour certains, montrer ce qu’ils ont à vendre.
En général, ils décrivent leurs impressions, leurs critères de choix et émettent des commentaires sur les bons minéraux. Le résultat est passionnant. Que l’on soit d’accord ou non avec les écrits des auteurs, on ne peut pas les ignorer. Proctor, par exemple, dont la collection (à vendre ?) occupe près de la moitié de l’ouvrage, est un collectionneur-commerçant-conseiller qui exerce son activité depuis plus de 40 ans : négliger ce qu’il écrit est un non-sens, on ne peut pas ignorer plusieurs décennies de minéralogie de collection. Ses opinions font maintenant partie de l’histoire de la minéralogie de collection même si, je le répète, on est pas du tout d’accord avec. Les écrits de commerçants comme les Gobin, Thomas ou Wilensky permettent d’appréhender des évolutions plus récentes du marché. Plusieurs textes de collectionneurs donnent des renseignements intéressants sur les motivations des grands collectionneurs. Le seul le chapitre, qui dénote par rapport à l’ensemble du livre, est celui sur Hagendorf qui présente des photographies de microminéraux. On se consolera en remarquant ici qu’il est un indicateur de l’ampleur et de la maturité prises par la microminéralogie ces dernières années.
Si l’on compare ce livre à celui qui présentait la collection de John Barlow (1996), on mesure pleinement l’évolution étonnante en qualité des minéraux de collection ces toutes dernières décennies.
La qualité des textes et des photos n’est pas toujours égale (ce qui était inévitable), mais l’ensemble se situe entre le bon et l’excellent niveau. Ceux qui attendent une encyclopédie, ceux qui rêvent d’un bel ouvrage de bibliophilie seront certainement déçus. Les collectionneurs à la recherche de références de qualité et les amateurs de beaux objets trouveront dans ce livre des motifs de satisfaction. Les professionnels y trouveront de quoi réfléchir et méditer.
A. P.
Coffret Vive la Terre - 3 volumes
Auteurs : Collectif sous la direction de Gérard Sustrac
Publications : UFG & Atlantica
Nombre de pages : 3 volumes de 223 pages, 291 pages et 367 pages
Format : 24 x 16cm
Prix : 57 € - Frais d'expédition offert - cliquer ici pour télécharger le bon de commande
Disponibilité (en France) : auprès du siège de l'UFG aux horaires des permanences - 77 rue Claude Bernard - 75005 Paris
Contenu :
Tome 1 : La Terre : une longue histoire à risques
Tome 2 : Agir sur l'eau et les déchets
Tome 3 : Matières premières : un bien commun limité
Présentation :
Vive la Terre, c’est célébrer une Terre parfois dangereuse, mais bien vivante, riche de multiples ressources, mais à traiter avec précaution et respect. C’est à la géologie que revient l’étude de la Terre, dont on cherche à comprendre le fonctionnement, à explorer et exploiter les ressources, ou à évaluer les risques qu’elle peut générer. La géologie appliquée, c’est par définition la mise en pratique de la géologie dans la diversité des champs où celle-ci peut intervenir, en lien avec les activités humaines. Souvent, les ouvrages de géologie constituent des introductions générales ou portent sur un domaine fondamental spécialisé des sciences de la Terre. D’autres ouvrages se focalisent sur un champ particulier : par exemple le risque volcanique ou sismique, les mouvements de terrain, ou le milieu karstique en hydrogéologie. La finalité du présent ouvrage est de couvrir un large éventail de sujets de géologie appliquée en se limitant à des connaissances de base, en replaçant les domaines d’application dans leur contexte économique ou réglementaire, et en multipliant les exemples concrets et les études de cas.
Cet ouvrage a aussi un autre objectif, celui de nous resituer dans le contexte d’une planète fragile, aux ressources limitées et dans laquelle aucune action de l’un quelconque d’entre nous n’est sans conséquences. C’est ici que la géologie intervient dans notre vie de tous les jours. Les énergies fossiles dominent encore très largement notre consommation d’énergie ou la façon dont nous nous transportons, les substances minérales fournissent les matériaux de nos constructions et aménagements, les minéraux et minerais sont à l’origine de très nombreux objets de la vie de tous les jours. Nous sommes maintenant tous alertés sur les échéances auxquelles nombre de ces ressources seront fortement réduites ou en voie d’épuisement et sur l’effort à mener à tous les niveaux pour les économiser et mieux gérer nos consommations. Dans ce contexte, la géologie appliquée, dans sa diversité, a un rôle essentiel à jouer car c’est elle qui nous apporte des clefs sur la quantité et la qualité de nombre de nos ressources, qu’il s’agisse des énergies fossiles, des substances minérales ou de l’eau, ou fournit des repères pour protéger notre environnement et prévenir les risques liés au sous-sol.
Atlas i mineraleve të Trepçes
Auteurs : B. Durmishaj, S. Hyseni, F. Shala
Edition : Trepça Enterprise under PAK Administration et Postes et Télécomm. du Kosovo (PTK), Prishtinë 2010
Nombre de pages : 166 pages
Format : 24x18cm - 26 figures couleurs, 2 tableaux, 168 photos couleurs
Langue : Albanais
Prix conseillé : 20 € + frais de port
Disponibilité : Bislim Muqa ou les auteurs, Trepça/AKP, Parku Industrial Mitrovice, Mitrovice 40000, Republic of Kosovo
Commentaires :
Un livre d’art sur Trepça et son musée minéralogique ? Depuis l’ouverture des premières galeries en 1927, tous les amateurs des fantastiques paragenèses de cette mine célèbre l’attendaient. Géopolis, qui milite depuis des années pour faire connaître ce patrimoine d’exception et motiver des sponsors pour le musée, salue donc cette publication avec enthousiasme.
Quoique disponible uniquement en albanais pour le moment, ce très beau livre mérite d’être signalé à toute la communauté des professionnels et des amateurs. Il est l’œuvre de deux professeurs de l’Université de Prishtina et de Ferat Shala, géologue et directeur actuel du Groupe Trepca.
Il comporte 8 parties. La 1ère est un historique de la mine où l’on apprécie, notamment, les statistiques de production depuis la reprise de 2005. La 2ème est un rapide exposé de la situation géographique de la mine. Plus importante, la 3ème partie campe le cadre géodynamique, la forme des corps minéralisés, la nature de la minéralisation et la chronologie de la mise en place des différentes espèces minérales. Cette partie est illustrée de figures très claires, en couleurs, notamment des coupes géologiques récentes du gisement par G. Maliqi et H. Kepüska. La 4ème partie est un rappel, à l’intention du grand public, des principes de la croissance cristalline. Elle est suivie d’un court chapitre sur le musée de Trepca.
Vient ensuite la 6ème partie, véritable point d’orgue du livre. On y admire une profusion de photos, en couleurs, des cristaux qui ont fait la célébrité de la mine et du musée dans le monde. Ils sont présentés dans l’ordre de la classification chimique : natifs, sulfures et sulfosels, oxydes, carbonates, sulfates, phosphates. On y voit notamment les photos des spécimens exceptionnels cités dans le « livre des records » de Guillemin et Mantienne (1989). Dans une 7ème partie, les fameuses « paragenèses » ou associations minérales si typiques pour reconnaître « la marque de fabrique » Trepca dans les collections mondiales, sont présentées à travers une nouvelle grande série de photos en couleurs. À travers de splendides specimens, notamment plusieurs de vivianites, la 8ème partie souligne le grand intérêt que les minéraux de Trepca génèrent depuis 1970 à l’étranger, et qui se voit aussi bien dans les collections nationales et privées que dans l’engouement des collectionneurs pour présenter leur meilleurs cristaux de Trepca dans les sites web de minéralogie et dans les forums de discussion. Pour rester dans un volume raisonnable, la bibliographie ne compte que 27 références, mais les « Anciens » (Baric, Forgan, Schumacher, Smejkal, Zebec…) dont les études ont bâti la renommée des minéraux de la mine, ne sont pas oubliés dans le texte, auxquels il faudrait ajouter Terzic qui a décrit la belle cosalite de Trepca en 1974.
Bien structuré, ce livre se feuillette très agréablement, malgré la difficulté de la langue : en effet, les racines de nombreux mots scientifiques sont universelles et les figures font le reste. Entièrement en couleurs, les photos sont de grande qualité. Imprimé sur un beau papier, relié avec une couverture rigide, des titres dorés et une jaquette, il s’agit à la fois d’un ouvrage scientifique et d’un livre d’art qui devrait être apprécié par un large public, même non albanophone. Il fait honneur au Kosovo, à Trepca, à son musée et aux générations d’hommes qui ont travaillé depuis 1926 dans cette mine pour mettre en valeur ses extraordinaires richesses.
Les auteurs recherchent des partenaires pour cofinancer une édition en anglais et une en allemand.
Jean FERAUD